Les Affranchis,

film de Martin Scorsese (1990)



Avis général : 6.5/10
:-) Une réalisation impeccable. Un scénario efficace.
:-( Un manque de rythme et de mordant. Des acteurs inégaux.

Suite de ma retrospective Scorsese personnelle : après avoir testé Aviator au cinéma l'autre jour, c'est au tour d'un classque plus ancien, et cette fois-ci devant ma télé. Au vu de la quasi-unanimité de commentaires élogieux concernant ce film, je m'attendais à me réconcilier avec Scorsese après la petite déception d'Aviator. Au risque de me fâcher avec tous ses fans, je dois avouer que ce ne fut que partiellement le cas.

Le film est basé sur un bouquin retraçant l'histoire vraie d'un mafieux. Pas de grosse surprises au niveau du scénario donc, on suit pas à pas l'ascension d'un jeune irlandais fasciné par les gagsters dans la Mafia du New York des années 60, ses coups les plus spectaculaires, quelques meurtres par-ci par-là, ses engueulades avec sa femme (faut dire qu'il est beau gosse et pas très fidèle), un petit séjour en prison, l'arrivée de la drogue, puis la déchéance et la dénonciation des vieux amis pour s'en sortir (presque) indemne.

Un tel scénario étant de toute façon solide et surtout très riche, la question était de savoir quel traitement Scorsese allait lui infliger, et quels moments il sélectionnerait pour illustrer la vie d'Henry Hill. La première demi-heure est très prometteuse, on y voit le jeune Henry fasciné par ses voisins italiens, puis faisant ses premières armes de gangsters et connaissance avec tout le milieu par la même occasion. Et puis insensiblement, l'intérêt faiblit et on finit même en bout de course par ne plus énormément s'intéresser au destin de Henry. La faute peut-être à un manque de liant entre les différences séquences : on a un peu l'impression que Scorsese a cherché à nous montrer la vie quotidienne d'un gangster à travers une succession de scènes marquantes, mais sans réussit à former avec le tout une grande fresque passionnante.

Par ailleurs, beaucoup de scènes en elle-mêmes valent le détour (notamment les accès de violence assez peu prévisibles), et surtout, il y a une chose qui passe très bien dans ce film : c'est que la Mafia forme une famille, un milieu convivial où on aime cuisiner pour les autres et où on se sent tout à fait protégé. Brasser les millions et tuer une ou deux personnes à l'occasion devient tellement routinier que la possibilité de se faire prendre un jour n'inquiète pas du tout Henry, qui semble même un peu inconscient de ce qui se passe autour de lui. Ce sentiment est accentué par le jeu de Ray Liotta, pas franchement convaincant dans ce rôle. En braqueur accompagné de Joe Pesci (comme d'habitude parfait dans un rôle de petit nerveux, mais on commencerait presque à s'en lasser), il n'est même pas vraiment crédible, et il manque globalement de charisme. Ses disputes avec sa femme font ainsi pâle figue à côté de celles du couple Sharon Stone-Robert de Niro que Scorsese filmera un peu plus tard dans Casino. Comme par ailleurs De Niro n'est pas non plus au sommet de sa forme, on a peut-être une autre explication au manque de mordant du film.

Je n'ai même pas pris le temps de préciser que la réalisation de Scorsese était impeccable, mais c'est une habitude chez lui. Malgré cela, le film n'est pas à la hauteur de sa réputation. Certes, on le regarde avec un certain intérêt, mais sans non plus se sentir vraiment pris au jeu. Dans la catégorie des films de gangsters, je continue à préférer assez nettement Le Parrain ou L'Impasse.

Roupoil, 3 avril 2005



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