Je ne peux pas commencer une critique sur ce film sans
recommander à tous les blondophiles (dont certaines personnes bien
renseignées prétendent que je suis un éminent représentant) d'aller faire
un petit tour sur la page de
Faustine et particulièrement de regarder du côté du Club
Blondonormalité (bon, y a pas grand chose, mais c'est peut-être censé être
représentatif du contenu du cerveau d'une blonde ;-P). Cette parenthèse
fermée, essayons de faire une critique objective du film.
Elle Woods est une charmante jeune fille californienne qui aime rouler en
décapotable et s'habiller dans des couleurs discrètes et de bon goût (le
rose fluo, par exemple), ne se ballade jamais sans son adorable petit
chien-chien et étudie la mode à l'université de Los Angeles. Mais elle est
surtout membre actif du groupe d'étudiantes Delta Nu, dont le principal
objectif dans la vie est de promouvoir la blonde attitude, qui
consiste par exemple à aller chercher du réconfort chez la manucure la
plus proche quand on se sent très triste (typiquement quand on s'est rendu
compte au lever qu'on a pris deux cent grammes). Ce soir est un grand
jour pour Elle, son petit ami doit lui faire une demande en mariage
(événement phare d'une vie de blonde).
Mais soudain, c'est le drame, le petit ami est en fait un salaud qui veut
faire carrière dans le droit et se doit donc d'épouser une fille
"sérieuse" et intellctuellement mieux pourvue que notre blonde héroïne.
Qu'à cela ne tienne, celle-ci va quitter sa Californie et ses amies pour
aller étudier à Harvard et tenter de récupérer son copain. Après quelques
autres palpitantes péripéties, elle finira par brillament décrocher son
diplôme de droit, se faire demander en mariage par un beau gosse (pas
celui du début bien sûr, qui est méchamment renvoyé à ses études par notre
blonde revancharde), caser la manucure du coin avec le beau livreur UPS
(et lui permettre de récupérer son clebard en prime !), et imposer le rose
flashy dans les tribunaux.
Bon, après un résumé pareil, le lecteur se demande assurément quelle
mouche m'a piquée de mettre une appréciation positive à ce film, ou plus
vraisemblablement est en train de plaindre intérieurement ma blondophilie
galopante. Eh bien pas du tout. D'une part, Reese Witherspoon est loin
d'être à tomber par terre. D'autre part, le film est en fait assez
réjouissant. Loin d'être un bête produit hollywoodien pour ados attardés,
il joue à fond la carte du second degré (voire plus par moments, en tout
cas, ça n'a rien d'un nanard, l'ironie est vraiment présente en permanence
et tout ce qu'il y a de plus volontaire) et en rajoute autant qu'il peut
sur l'absurdité des situations. Caricature serait un mot galvaudé pour
désigner la plupart des personnages et les quelques scènes les plus
grandioses du film (la fausse demande en mariage au début, le procès à la
fin). Le tout soutenu par des dialogues à la hauteur, on rigole vraiment
beaucoup. Bien sûr, on ne peut pas toujours naviguer en plein second degré
(ou alors, on est chez les Monty Python :-) ) et les scènes de transition
sont assez affligeantes. Évidemment, me direz-vous, c'est le but !
D'ailleurs, l'épilogue est un monument de bateau que même le pire des
films de série n'oserait pas commettre, et tout le film converge vers
cette caricature. Mais ça n'empêche pas le spectateur d'être un peu
atterré pendant les moments où il ne rit pas.
Enfin, ne soyons pas trop exigeants non plus, on tient là une bonne
comédie à regarder entre amis un soir de mauvais temps, et à coup sûr un
film culte (à mettre à côté de Virgin Suicides dans la DVDthèque ? Le
mélange serait moins détonnant qu'il n'y parait...) pour tous les gens qui
ont mauvais goût (pour la définition du mauvais goût, voir ici).
Roupoil, 17 juillet 2004.