Le Temps des gitans,

film d'Emir Kusturica (1988)



Avis général : 8.5/10
:-) Une histoire belle (enfin, façon de parler) et forte. La musique fabuleuse de Bregovic.
:-( Ca met un peu de temps à se mettre en place.

C'était peut-être le film dont j'attendais le plus pour mon programme de Fête du Cinéma, et pourtant j'ai bien failli ne pas le voir ! La première tentative se solda d'ailleurs par un échec, le ciné où le film passait ayant accumulé le retard depuis le début de la journée, au point que je risquais de rater mon métro. La deuxième fut la bonne, mais d'extrême justesse, puisque j'ai pris la toute dernière place disponible. Conséquence, je me retrouve tout devant sur le côté, à peu près forcé de me prendre un torticolis pour voir quelques chose. Mais bon, quand on aime on ne compte pas...

Comme le titre l'indique, il est question de gitans. D'ailleurs, la première partie du film se déroule dans un village gitan en Yougoslavie, où une grand-mère un peu sorcière veille sur sa petite famille : Merzdan, le fils, qui semble avoir pour seul don de rendre enceintes toutes les filles du coin ; Danira la petite-fille, qui a une maladie de la jambe, et son grand frère Perhan, amoureux d'Azra mais qui n'est pas assez riche au goût de la maman pour l'épouser. Qu'à cela ne tienne, quand l'occasion se présente, il suit le riche Ahmed, déspose sa soeur à l'hôpital et part en Italie apprendre à gagner de l'argent. Pour cela, les méthodes ne sont pas des plus morales. Perhan y perdra son innocence, et peut-être un peu plus...

De Kusturice, je n'avais jusque-là vu qu'une seul film, son dernier à ce jour, La Vie est un miracle, qui m'avait totalement emballé. Le cap de la deuxième oeuvre est toujours risqué dans ce genre de cas, et c'est avec une certaine inquiétude que je regardais dans un premier temps les personnages s'installer, sans que je ne me sente totalement accroché à cette histoire (je dois dire que globalement le personnage de Merdzan n'est pas celui qui m'intéresse le plus). Mais déjà, le film est porté par quelques scènes d'une beauté fulgurante (celle de la nuit de la Saint-Georges notamment), magnifiées par la sublime musique de Goran Bregovic.

Et puis le récit finit par se centrer sur le personnage de Perhan, qui nous entraine avec lui dans un tourbillon d'aventures la plupart du temps sordides et pourtant superbes. C'est glauque et en même temps c'est beau, tant Kusturica a le talent de faire ressortir les émotions qui affleurent. on est tour à tour sous le choc et rigolards (car dans ce drôle de petit monde la farce n'est jamais très loin), on sait que ça va mal se finir et pourtant on ne peut s'empêcher de sentir une pointe d'optimisme dans les dernières minutes du film, et après tout ça, on ressort en ayant une fois de plus eu l'impression de voir un grand film.

Je continue à préférer mon premier Kusturica, peut-être justement parce que c'était une grande découverte pour moi, peut-être aussi à cause de ces quelques longueurs au début du film, mais sans aucun doute ce Temps des gitans est lui aussi un très beau film. Du genre qui vous marque profondément. Il ne me reste plus qu'à foncer voir les autres.

Roupoil, 28 juin 2007.



Retour à ma page cinema