C'était peut-être le film dont j'attendais le plus pour
mon programme de Fête du Cinéma, et pourtant j'ai bien failli ne pas le
voir ! La première tentative se solda d'ailleurs par un échec, le ciné où
le film passait ayant accumulé le retard depuis le début de la journée, au
point que je risquais de rater mon métro. La deuxième fut la bonne, mais
d'extrême justesse, puisque j'ai pris la toute dernière place disponible.
Conséquence, je me retrouve tout devant sur le côté, à peu près forcé de
me prendre un torticolis pour voir quelques chose. Mais bon, quand on aime
on ne compte pas...
Comme le titre l'indique, il est question de gitans. D'ailleurs, la
première partie du film se déroule dans un village gitan en Yougoslavie,
où une grand-mère un peu sorcière veille sur sa petite famille : Merzdan,
le fils, qui semble avoir pour seul don de rendre enceintes toutes les
filles du coin ; Danira la petite-fille, qui a une maladie de la jambe, et
son grand frère Perhan, amoureux d'Azra mais qui n'est pas assez riche au
goût de la maman pour l'épouser. Qu'à cela ne tienne, quand l'occasion se
présente, il suit le riche Ahmed, déspose sa soeur à l'hôpital et part en
Italie apprendre à gagner de l'argent. Pour cela, les méthodes ne sont pas
des plus morales. Perhan y perdra son innocence, et peut-être un peu
plus...
De Kusturice, je n'avais jusque-là vu qu'une seul film, son dernier à ce
jour, La Vie est un miracle, qui m'avait totalement emballé. Le
cap de la deuxième oeuvre est toujours risqué dans ce genre de cas, et
c'est avec une certaine inquiétude que je regardais dans un premier temps
les personnages s'installer, sans que je ne me sente totalement accroché à
cette histoire (je dois dire que globalement le personnage de Merdzan
n'est pas celui qui m'intéresse le plus). Mais déjà, le film est porté par
quelques scènes d'une beauté fulgurante (celle de la nuit de la
Saint-Georges notamment), magnifiées par la sublime musique de Goran
Bregovic.
Et puis le récit finit par se centrer sur le personnage de Perhan, qui
nous entraine avec lui dans un tourbillon d'aventures la plupart du temps
sordides et pourtant superbes. C'est glauque et en même temps c'est beau,
tant Kusturica a le talent de faire ressortir les émotions qui affleurent.
on est tour à tour sous le choc et rigolards (car dans ce drôle de petit
monde la farce n'est jamais très loin), on sait que ça va mal se finir et
pourtant on ne peut s'empêcher de sentir une pointe d'optimisme dans les
dernières minutes du film, et après tout ça, on ressort en ayant une fois
de plus eu l'impression de voir un grand film.
Je continue à préférer mon premier Kusturica, peut-être justement parce
que c'était une grande découverte pour moi, peut-être aussi à cause de ces
quelques longueurs au début du film, mais sans aucun doute ce Temps
des gitans est lui aussi un très beau film. Du genre qui vous marque
profondément. Il ne me reste plus qu'à foncer voir les autres.
Roupoil, 28 juin 2007.