Le Silence des agneaux,

film de Jonathan Demme (1991)



Avis général : 8/10.
:-) Rélisation au poil, acteurs au top, scénario bien foutu, que demande le peuple ?
:-( Une certaine tendance à la facilité dans la résolution de l'intrigue. Une ambiance moins prenante qu'elle n'aurait pu l'être.

Dans la catégorie des classique que tout le monde a vu, en voici un ... dont j'ai pu constater avec une certaine surprise l'autre jour que quelques-uns de mes amis ne le connaissaient pas encore. Après tout, je ne l'ai moi-même découvert qu'il n'y a quelques mois, alors que c'est typiquement le genre de film dont j'aurais pu dire avant même d'aller le voir que j'allais l'apprécier.

Le scénario n'a certainement plus aujourd'hui l'originalité qu'il vaiat à l'époque, mais reste un modèle d'efficacité : Clarence Starling, jeune étudiante à l'Ecole du FBI (ça a un nom, ce truc ?), est chargée par son boss d'aller rendre visite à Hannibal Lecter, ancien psychiatre abonné aux quartiers haute sécurité depuis que lui est venue l'habitude de manger ses patients. La raison de ce regain d'intérêt pour le docteur est rapidement mise à jour : l'amener à aider le FBI à retrouver un autre serial killer, qui lui dépèce ses victimes. C'est le début d'un face-à-face psychologique entre la jeune femme et le docteur Lecter.

De fait, c'est la psychologie qui est au coeur de ce film. Ceux qui sont venus là pour s'abreuver de sentations fortes peuvent passer leur chemin. On a certes droit à quelques scènes qui suffiront à émouvoir les âmes sensibles, mais Demme s'en tient plus ou moins au minimum nécessaire à la construction de l'intrigue. J'irais presque jusqu'à prétendre que c'est à peine suffisant, parce ce qu'on reste un peu en dehors de ce qui se passe du côtés du tueur. Certes, l'enquête elle-même et le docteur Lecter nous renseignent sur sa personnalité et ses motivations, mais on sent bien que ce n'est pas ce qui intéresse le plus le réalisateur. D'ailleurs, les indices qui permettent à Clarice de retrouver la piste du tueur sont finalement assez grossiers, du moins en regard de la finesse de ses échanges avec Lecter.

Pas vraiment d'analyse du tueur (le personnage est assez creux, on l'entend à peine parler pendant le film), pas de franche compassion avec la victime (quand je dis la victime, j'entends justement celle qui ne se fait pas tuer :-) ), c'est un point de vue qui se défend, mais qui fait que, si le film voulait installer une atmosphère glauque et oppressante, il n'y parvient pas réellement. C'est à mon avis un peu dommage, peut-être un peu plus d'imagination dans la mise en scène, somme toute très classique même si irréprochable, aurait-elle été utile de ce point de vue-là.

Mais bon, foin de critiques, concentrons-nous sur le principal intérêt du film, les personnalités des deux principaux protagonistes. Eh bien, je n'ai pas grand chose à en dire tellement c'est bien (c'était bien la peine de se concentrer). Les deux acteurs sont absolument excellents, Jodie Foster toute en intensité bornée et Anthony Hopkins génial en monstre froid mais raffiné. Leurs échanges sont de grands moments, on a rarement vu des dialogues aussi marquants au cinéma.

C'est assez surprenant de voir que, finalement, ce film spectaculaire vaut surtout pour un contenu qui était déjà présent dans le livre. Peut-être manque-t-il un ajout de personnalité de la part de Jonathan Demme pour lui donner une dimension supplémentaire. Mais tel quel, on a déjà droit à un très beau film un modèle du genre rarement (jamais ?) dépassé depuis.

Roupoil, 27 octobre 2004.



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