Dans la catégorie des classique que tout le monde a vu,
en voici un ... dont j'ai pu constater avec une certaine surprise l'autre
jour que quelques-uns de mes amis ne le connaissaient pas encore. Après
tout, je ne l'ai moi-même découvert qu'il n'y a quelques mois, alors que
c'est typiquement le genre de film dont j'aurais pu dire avant même
d'aller le voir que j'allais l'apprécier.
Le scénario n'a certainement plus aujourd'hui l'originalité qu'il vaiat à
l'époque, mais reste un modèle d'efficacité : Clarence Starling, jeune
étudiante à l'Ecole du FBI (ça a un nom, ce truc ?), est chargée par son
boss d'aller rendre visite à Hannibal Lecter, ancien psychiatre abonné aux
quartiers haute sécurité depuis que lui est venue l'habitude de manger ses
patients. La raison de ce regain d'intérêt pour le docteur est rapidement
mise à jour : l'amener à aider le FBI à retrouver un autre serial killer,
qui lui dépèce ses victimes. C'est le début d'un face-à-face psychologique
entre la jeune femme et le docteur Lecter.
De fait, c'est la psychologie qui est au coeur de ce film. Ceux qui sont
venus là pour s'abreuver de sentations fortes peuvent passer leur chemin.
On a certes droit à quelques scènes qui suffiront à émouvoir les âmes
sensibles, mais Demme s'en tient plus ou moins au minimum nécessaire à la
construction de l'intrigue. J'irais presque jusqu'à prétendre que c'est à
peine suffisant, parce ce qu'on reste un peu en dehors de ce qui se passe
du côtés du tueur. Certes, l'enquête elle-même et le docteur Lecter nous
renseignent sur sa personnalité et ses motivations, mais on sent bien que
ce n'est pas ce qui intéresse le plus le réalisateur. D'ailleurs, les
indices qui permettent à Clarice de retrouver la piste du tueur sont
finalement assez grossiers, du moins en regard de la finesse de ses
échanges avec Lecter.
Pas vraiment d'analyse du tueur (le personnage est assez creux, on
l'entend à peine parler pendant le film), pas de franche compassion avec
la victime (quand je dis la victime, j'entends justement celle qui ne se
fait pas tuer :-) ), c'est un point de vue qui se défend, mais qui fait
que, si le film voulait installer une atmosphère glauque et oppressante,
il n'y parvient pas réellement. C'est à mon avis un peu dommage, peut-être
un peu plus d'imagination dans la mise en scène, somme toute très
classique même si irréprochable, aurait-elle été utile de ce point de
vue-là.
Mais bon, foin de critiques, concentrons-nous sur le principal intérêt du
film, les personnalités des deux principaux protagonistes. Eh bien, je
n'ai pas grand chose à en dire tellement c'est bien (c'était bien la peine
de se concentrer). Les deux acteurs sont absolument excellents, Jodie
Foster toute en intensité bornée et Anthony Hopkins génial en monstre
froid mais raffiné. Leurs échanges sont de grands moments, on a rarement
vu des dialogues aussi marquants au cinéma.
C'est assez surprenant de voir que, finalement, ce film spectaculaire vaut
surtout pour un contenu qui était déjà présent dans le livre. Peut-être
manque-t-il un ajout de personnalité de la part de Jonathan Demme pour lui
donner une dimension supplémentaire. Mais tel quel, on a déjà droit à un
très beau film un modèle du genre rarement (jamais ?) dépassé depuis.
Roupoil, 27 octobre 2004.