La fête du cinéma est traditionnellement ma seule
occasion dans l'année d'aller voir un film français. Pas que je sois
contre le cinéma français, mais il se trouve que la production nationale a
tendance à se diviser en deux parties, une que je ne veux pas voir du tout
(les comédies grand public) et l'autre qui ne nécessite pas à mon avis de
sortir quelques euros de sa poche pour aller les regarder au ciné : les
films d'auteur (d'aucuns diront films intellos) dont je me dis à chaque
fois que j'en vois un qui m'intéresse "Je le regarderai à la télé dans un
an", ce qu'accessoirement je ne fais jamais.
Tout ça pour dire que je suis allé voir Le rôle de sa vie sans
en avoir entendu parler auparavant, et que je m'attendais en gros à voir
le film intello-chiant de base, en espérant qu'il serait plus intello que
chiant. Et de fait, je n'ai pas été déçu ! Bon, on peut passer assez
rapidement sur l'histoire, qui ne présente pas un intérêt extraordinaire :
une jeune femme qui travaille comme pigiste dans un magazine se retrouve
par hasard à raccompagner en voiture une grande actrice, qui en guise de
remerciement l'envoie ballader à la première occasion. Ce n'est que partie
remise, puisque les deux femmes ne tarderont pas à se revoir, puis à
devenir amies, la première (Karin Viard) devenant une même une sorte de
secrétaire à tout faire de la seconde (Agnès Jaoui). Là-dessus, vient se
greffer un jardinier dont Karin Viard (désolé, j'ai oublié les nom des
personnages) tombe amoureuse, mais qui va sortir avec Agnès Jaoui. Le
reste du film ne sera que marivaudages entre ces trois personnages,
agrémentées de scènes dans les coulisses de tournages qu'on supposera
réalistes.
Si l'histoire n'a donc rien d'extraordinaire, elle est suffisament
réaliste et bien ficelée pour qu'on la suive sans trop se focaliser dessus
(bon, j'y aurais peut-être peut-être été un peu moins fort sur les
revirements, la dernière réapparition du jardinier est à mon goût en
trop, mais il faut bien faire avancer un peu l'histoire pour que le
spectateur ne s'embête pas), ce qui est paradoxalement plutôt un bon point
puisque ça permet de s'intéresser aux qualités du film, à savoir
essentiellement tout le reste. Déjà, on ne peut pas signaler la formidable
performance d'actrice de Karin Viard, qui semble être née dans la peau de
son personnage. Les autres acteurs sont bien aussi, mais paraissent
presque en retrait par comparaison. Mais surtout, l'analyse des sentiments
humains faite dans le film m'a parue de bout en bout intéressante et
juste. Si les persos secondaires sont souvent de grossières caricatures
(oui, quand même, je me dois de signaler ce point, les personnages de la
mère d'Agnès et du colloc de Karin Viard par exemple sont assez risibles),
les trois principaux sont vraiment très bien décrits (psychologiquement
s'entend) et cohérents. On s'y attache rapidement et les situations dans
lesquelles on nous les présente sont d'une simplicité bienvenue. Bien que
n'ayant a priori pas grand chose en commun avec les personnages en
question, je me suis surpris plusieurs fois à penser : "Oui, tiens, c'est
typiquement le genre de reflection que je me ferais dans cette situation".
Bref, le film se contente de nous présenter la vie quotidienne de gens
ordinaires, mais a tellement bien compris la façon dont fonctionnent ces
quelques être humains qu'il nous semble lumineux.
Je ne suis même pas sûr en sortant de la projection d'avoir découvert
quelque chose de profitable dans ce film, je n'ai fait finalement que
perdre deux heures à partager la vie de trois personnages fictifs. Mais
dans une sorte de résumé en accéléré de ces moments intenses ou anodins
sur lesquels justement on aurait envie de se pencher un peu plus après
coup pour les apprécier à leur juste valeur ou simplement chercher à mieux
les analyser et les comprendre. À tous ceux qui aiment celà, je ne peux
que conseiller ce très beau film. Ah, pour finir, une devinette pour mes
fans : cherchez quelle est la réplique qui m'a le plus marqué dans ce film
;-).
Roupoil, 7 août 2004.