Le Rôle de sa vie,

film de François Favrat (2004)



Avis général : 7.5/10
:-) Un film français sérieux même pas chiant. Les dialogues, les acteurs (surtout Karin Viard), l'humanité qui se dégage de l'ensemble.
:-( Un peu trop de retournements de situation. Faut aimer passer deux heures à écouter des gens parler de la vie de tous les jours.

La fête du cinéma est traditionnellement ma seule occasion dans l'année d'aller voir un film français. Pas que je sois contre le cinéma français, mais il se trouve que la production nationale a tendance à se diviser en deux parties, une que je ne veux pas voir du tout (les comédies grand public) et l'autre qui ne nécessite pas à mon avis de sortir quelques euros de sa poche pour aller les regarder au ciné : les films d'auteur (d'aucuns diront films intellos) dont je me dis à chaque fois que j'en vois un qui m'intéresse "Je le regarderai à la télé dans un an", ce qu'accessoirement je ne fais jamais.

Tout ça pour dire que je suis allé voir Le rôle de sa vie sans en avoir entendu parler auparavant, et que je m'attendais en gros à voir le film intello-chiant de base, en espérant qu'il serait plus intello que chiant. Et de fait, je n'ai pas été déçu ! Bon, on peut passer assez rapidement sur l'histoire, qui ne présente pas un intérêt extraordinaire : une jeune femme qui travaille comme pigiste dans un magazine se retrouve par hasard à raccompagner en voiture une grande actrice, qui en guise de remerciement l'envoie ballader à la première occasion. Ce n'est que partie remise, puisque les deux femmes ne tarderont pas à se revoir, puis à devenir amies, la première (Karin Viard) devenant une même une sorte de secrétaire à tout faire de la seconde (Agnès Jaoui). Là-dessus, vient se greffer un jardinier dont Karin Viard (désolé, j'ai oublié les nom des personnages) tombe amoureuse, mais qui va sortir avec Agnès Jaoui. Le reste du film ne sera que marivaudages entre ces trois personnages, agrémentées de scènes dans les coulisses de tournages qu'on supposera réalistes.

Si l'histoire n'a donc rien d'extraordinaire, elle est suffisament réaliste et bien ficelée pour qu'on la suive sans trop se focaliser dessus (bon, j'y aurais peut-être peut-être été un peu moins fort sur les revirements, la dernière réapparition du jardinier est à mon goût en trop, mais il faut bien faire avancer un peu l'histoire pour que le spectateur ne s'embête pas), ce qui est paradoxalement plutôt un bon point puisque ça permet de s'intéresser aux qualités du film, à savoir essentiellement tout le reste. Déjà, on ne peut pas signaler la formidable performance d'actrice de Karin Viard, qui semble être née dans la peau de son personnage. Les autres acteurs sont bien aussi, mais paraissent presque en retrait par comparaison. Mais surtout, l'analyse des sentiments humains faite dans le film m'a parue de bout en bout intéressante et juste. Si les persos secondaires sont souvent de grossières caricatures (oui, quand même, je me dois de signaler ce point, les personnages de la mère d'Agnès et du colloc de Karin Viard par exemple sont assez risibles), les trois principaux sont vraiment très bien décrits (psychologiquement s'entend) et cohérents. On s'y attache rapidement et les situations dans lesquelles on nous les présente sont d'une simplicité bienvenue. Bien que n'ayant a priori pas grand chose en commun avec les personnages en question, je me suis surpris plusieurs fois à penser : "Oui, tiens, c'est typiquement le genre de reflection que je me ferais dans cette situation". Bref, le film se contente de nous présenter la vie quotidienne de gens ordinaires, mais a tellement bien compris la façon dont fonctionnent ces quelques être humains qu'il nous semble lumineux.

Je ne suis même pas sûr en sortant de la projection d'avoir découvert quelque chose de profitable dans ce film, je n'ai fait finalement que perdre deux heures à partager la vie de trois personnages fictifs. Mais dans une sorte de résumé en accéléré de ces moments intenses ou anodins sur lesquels justement on aurait envie de se pencher un peu plus après coup pour les apprécier à leur juste valeur ou simplement chercher à mieux les analyser et les comprendre. À tous ceux qui aiment celà, je ne peux que conseiller ce très beau film. Ah, pour finir, une devinette pour mes fans : cherchez quelle est la réplique qui m'a le plus marqué dans ce film ;-).


Roupoil, 7 août 2004.



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