Le Roi Arthur,

film d'Antoine Fuqua (2004)



Avis général : 3.5/10
Côte nanar : Même pas !!
:-) Ben, euh, pas grand chose, justement, si ce n'est les beaux décors naturels et et les costumes et maquillages. Allez, les scènes d'action ne sont pas trop mauvaises.
:-( Tout la magie de la légende arthurienne s'est envolée, et il n'y a rien pour la remplacer : scenario loin d'être palpitant, personnages plats, on s'ennuie pas mal.

La bande annonce (assez atroce) avait prévenu : c'est la vraie histoire du bon vieux roi Arthur que va nous conter cette enième variation cinématographique sur la légende des chevaliers de la table ronde. À part ça, pas grand chose n'avait filtré, si ce n'est des images de batailles faisant intervenir des chevaliers ressemblant curieusement plus à des centurions romains qu'à des combattants bretons du Moyen-Âge. Bon, étant assez plutôt amateur de ce genre de film a prioi, la curiosité me pousse à aller voir de plus près de quoi il s'agit.

La soi-disant vraie histoire est, de fait, assez éloignée de ce qu'on a l'habitude d'entendre sur les personnages de légende que sont Arthur, Merlin, Lancelot, Guenièvre et consorts. Arthur serait donc un général romain, à la tête d'une petite armée de vaillants guerriers à la solde de l'Empire Romain déclinant (et qui ne sont autres que les chevaliers de la Table Ronde, bien sûr). Engagés pour une quinzaine d'années, ils sont à la veille de leur libération quand ils se voient confier une ultime mission particulièrement dangereuse dans une région infestée de (grands)-bretons hostiles (dirigés par un certain Merlin...) et envahie par des saxons sanguinaires. Le temps de delivrer une charmante autochtone des mains de méchants moines (je vous laisse deviner comment elle s'appelle) et de se rendre compte que Rome n'est plus vraiment ce qu'elle était, et notre vaillant Arthur va se transformer en héraut de la liberté bataillant pour une Angleterre indépendante.

Plus rien de mythique dans tout celà, magie et sorcières ont disparu pour laisser place à une histoire beaucoup plus terre-à-terre. Pourquoi pas ? Mais le problème est qu'on a ici l'impression tenace que, plus que d'adapter l'histoire d'Arthur quelques siècles avant la période où on la situe habituellement, les ayteurs ont plutôt greffé, de façon artificielle, les personnages de l'épopée arthurienne dans un scénario de peplum. Résultat, les personnages en question perdent totalement en crédibilité et en profondeur (sauf peut-être Bors, qui est le seul à avoir droit à deux ou trois scènes en dehors des batailles). Merlin en chef de clan ou Guenièvre en amazone guerrière (elle traverse les champs de bataille en petite tenue et en ressort quasi indemne, c'est dire) ne seraient pas forcément ridicules si on n'associait pas leurs noms à tout autre chose, mais là, ça ne passe pas. Bon, et puis j'avoue que je n'aime pas vraiment l'acteur qui joue Arthur, je trouve qu'il ne correspond pas du tout à son rôle de meneur d'hommes et de grand guerrier. Enfin, autre gros défaut, le réalisateur se sent du coup obligé de nous glisser de temps des allusions à certains événements incontournables de la légende, qui arrivent ici comme autant de cheveux sur la soupe : la Table Ronde ou Excalibur sont sortis de nulle part, et la justification réaliste à laquelle on a droit est plus navrante que convainquante.

Une fois tout ceci assimilé, que reste-t-il du film ? Hélas pas grand chose. D'ailleurs, j'ai pu conctater quelque chose d'étonnant en sortant de la salle : nous sommes allés voire le film à plusieurs, et il n'y a eu pratiquement aucun commentaire, si ce n'est justement sur la crédibilité historique du scénario. De fait, le problème du film, plus que la transposition, est que le peplum qu'il est de fait n'est pas très bon. Le scénario avance comme il se doit à coup de batailles et de choix cornéliens pour le héros, mais ne captive guère ; les scènes d'action sont correctement réalisées, mais ne révolutionneront pas le genre (on a même l'impression que le réalisateur a peur de faire apparaître une goutte de sang à l'écran) ; la musique pompeuse de Hans Zimmer sera vite oubliée, et les personnages sont trop sommaires pour qu'on puisse vraiment s'y attacher. En fait, j'ai eu un peu la même impression que devant Troie, autre récent blockbuster : pas de défauts flagrants, des moyens conséquents faisant qu'on se laisse transporter paresseusement par les beaux décors et costumes, mais au fond rien qui ne justifie le déplacement.

Partant d'une idée pas idiote, ce Roi Athur se contente, plutôt que la relecture du mythe annoncée, de nous livrer un peplum insignifiant faisant intervenir les personnages de la geste arthurienne. Pour un vrai bon film, retournez plutôt voir Excalibur ou Spartacus selon l'aspect que vous préférez dans ce film-ci. Mais ceux qui sont vraiment en manque de combats à l'épée pourront peut-être y trouver leur compte sans trop s'ennuyer.


Roupoil, 8 août 2004.



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