Le Pont de la rivière Kwai,

film de David Lean (1957)



Avis général : 6.5/10
:-) Casting en béton, grand spectacle, sens du rythme, quelques scènes marquantes.
:-( Ca reste long et sans grande surprise. La musique est, excusez-moi, franchement saoulante.

Dans le genre film mythique, David Lean a donné une contribution plus que raisonnable au septième art. Eh bien figurez-vous que, malgré les innombrables diffusions télé, je n'avais jamais vu un seul de ses grands films. C'est maintenant chose faite, pour le meilleur ou pour le pire...

Quelque part au fin fond de l'Asie, pendant la deuxième guerre mondiale, un régiment de soldats anglais se retrouve dans un camp au milieu de la jungle dirigé d'une main de fer par le vilain Saïto. Celui-ci les mobilise pour construire, devinez quoi ? Un pont ! Devinez où ? Sur la rivière Kwaï ! Le problème c'est qu'il veut faire bosser tout le monde, officier compris, et que ça ne plait pas au colonel Nicholson, pas du genre à rigoler avec le règlement. Un bras de fer s'engage.

Est-ce que je peux dire honnêtement que j'ai été déçu avec ce film ? Non, pas vraiment, dans la mesure où ça ressemble tout à fait à ce à quoi on s'attend. Mais oui quand même, justement parce qu'il ne se démarque jamais de l'idée qu'on se faisait à l'époque d'un grand film. Et si certains points demeurent indiscutables (le casting est impressionnant, Guiness en tête dans son rôle d'officier borné dont on se demande pendant tout le film s'il est à plaindre ou à admirer), d'autres passent moins bien la rampe aujourd'hui : le scénario est tout de même bien léger pour justifier les presque trois heures de film. Dès le début, on s'enlise dans la confrontation Saïto-Nicholson, qui ne devient intéressante qu'au bout d'une bonne demi-heure, quand les convictions du japonais commencent à vaciller. De même, les ballades dans la jungle avant le finale sont bien longues et répétitives. On ne s'ennuie jamais vraiment car le découpage des scènes est assez bien foutu, mais on se demande parfois où nous emmène Lean. Un geste de bienveillance nous fera par ailleurs oublier quelques scènes aux limites du grotesque, notamment l'évasion de Shears.

Autre problème, inhérent à la date de réalisation et au genre du film : il misait certainement (à raison à l'époque) sur le côté grand spectacle, avec décors naturels exotiques et scènes d'action épostouflantes pour nos grands-mères. Pour nous, malheureusement, rien d'inoubliable dans tout ça. La jungle est fort pâle comparée à celle, par exemple, d'Apocalypse now, et ce n'est pas un pétage de pont qui va impressionner les jeunes d'aujourd'hui. Et j'éviterai de m'appesantir sur la musique, caractéristique de ce qui se faisait à l'époque, assez insupportable aujourd'hui (des pouêts lourdingues pour accentuer les scènes qui n'en ont pas besoin...).

Tout ceci étant dit, le film est loin d'être mauvais, et la soirée qu'on passe devant passe assez vite. Mais il faut juste le prendre pour ce qu'il est : un beau vestige du cinéma de papa, un peu poussiéreux, mais qui tient encore tout à fait correctement sur ses jambes. Vous pouvez encore le faire voir aux gamins, ils ne devraient pas trop se moquer de vous.

Roupoil, 18 juin 2006



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