Trois heures à tuer entre le lycée et une soirée bridge,
pas envie de rentrer à la maison, mais plutôt de me vautrer dans un
fauteuil dans la première salle obscure venue, alors hop, on prend le
premier film qui nous passe sous la main. Bon, j'exagère un peu, j'étais
quand même curieux de voir à quoi ressemblait le cinéma de Duran Cohen,
auteur relativement obscur mais assez favori des Télérama et autres
journaux à la pointe du in, et cette "comédie musicale d'espionnage" me
semblait un concept plutôt attirant.
Donc, Muriel et Philippe sont des agents en train de mener une enquête sur
une sombre histoire d'uranium enrichi, et tournent plus particulièrement
autour de Constance, la veuve d'un banquier mouillé dans l'affaire, et qui
a laissé trainer une clé USB contenant des informations capitales . Mais
où est cette famause clé ? Pour approcher Constance, le mieux semble être
de la suivre à son cours de chant, qui connait une popularité surprenante
ces temps-ci. N'y aurait-il pas un ou deux personnages louches parmi ces
nouveaux élèves ?
Si vous cherchez à faire une échappée en dehors des contraintes parfois
étouffantes du cinéma mainstream, Duran Cohen est fait pour vous
! On a presque l'impression, à voir son film, qu'il l'a fait juste pour
lui, sans se soucier aucunement du public éventuel, simplement pour se
faire plaisir avec une troupe d'acteurs apparemment motivés, et explorer
dans un contexte assez loufoque deux obsessions manifeste : le chant et le
cul. La première se manifeste via des séquences de chant assez curieuses
et qui n'apportent essentiellement rien au film.
Par contre, pour ce qui est du cul, c'est le nerf de la guerre, puisque
les nombreux dialogues piquants et autres séquences plus qu'osées (ça
fait un peu bizarre au départ de voir les acteurs souvent à poil et en
train de faire des choses bizarres dans un film qui de loin semblait être
une gentille comédie, mais bon) sont en fait la principale ressource
comique du film. D'ailleurs, soyons honnêtes, c'est une ressource plutôt
bien exploitée, avec un certain sens de la réplique qui fait mouche au
moment où on ne s'y attend pas.
Et le reste alors ? Eh bien, à vrai dire, le côté espionnage du film ne
semble être là que comme prétexte, pour enrober la comédie salée qui est
vraiment le coeur du film, et de fait Duran Cohen ne semble même pas
s'être soucié de faire tenir son scénario debout. C'est n'importe quoi, et
ce n'est au fond pas plus mal comme ça, mais si on peut se demander quel
est le but de la chose. Peut-être au fond est-ce simplement de passer une
heure et demie plutôt divertissante en compagnie de comédiens dans
l'ensemble sympathiques (et aux rôles manifestement écrits pour eux,
Balibar en tête). Le film y réussit plutôt honnêtement, même s'il n'est
jamais réellement hilarant ni palpitant. Mais il a au moins le mérite
d'être rafraichissant, ce qui est un bon début...
Roupoil, 4 décembre 2008