Dans ma tentative désespérée de virer L'âge de
glace de ma liste de films préférés année par année, je me suis dit
qu'il serait temps de regarder quelques-uns des films que j'ai ratés en
cette belle année 2002 et qui seraient susceptibles de faire l'affaire. Un
bon début a priori avec ce film très respecté sur un sujet il est vrai
très respectable (après l'avoir eu, et en étant à peine méchant, je serais
presque tenté de dire que l'un est peut-être une conséquence de l'autre,
on a un peu l'impression que tout le monde se croit obligé d'être très ému
dès qu'on fait un film qui touche de près ou de loin à la Shoah, et que
les critiques sont incapables d'être objectifs).
Ca se passe donc en pleine deuxième guerre mondiale, qui plus est dans le
ghetto de Varsovie, donc vous imaginez que ça va pas être très gai.
Polanski nous raconte donc l'histoire d'un pianiste (eh oui) qui survit
(difficilement) pendant quelques années dans puis en-dehors du ghetto.
Pas grand chose de plus à dire sur le scénario, qui privilégie les
détails et cherche manifestement la sobriété, comme tout le film
d'ailleurs. Ce n'est pas un mal en soi, surtout sur un sujet comme
celui-ci qui ne devrait certes pas nécessiter d'insistance pour marquer.
Et pourtant, là, c'est vraiment bien plat dans l'ensemble. La
reconstitution est certes soignée, mais c'est le minimum qu'on puisse
demander à une grosse production comme celle-ci, et le reste est à la
peine : réalisation ultra-classique, un acteur plutôt convaincant mais qui
se démène comme il peut au milieu d'une absence totale d'évolution dans le
scénario une fois la première demi-heure passée. Polanski a décidé de ne
pas montrer la guerre (enfin, uniquement depuis les yeux du pianiste, donc
on voit très peu et on comprend encore moins), c'est un choix, mais
meubler plus de deux heures de film avec des plans d'un pauvre type
dormant dans des conditions plus ou moins difficilement et cherchant à
manger, ça finit maheureusement par masser. Le peu de Chopin qu'on entend
de temps à autre ne suffit pas vraiment à accrocher durablement le
spectateur.
C'est tout de même bien dommage, car il y a de temps à autre une belle
scène qui montre ce qu'aurait pu faire Polanski s'il n'avait pas décidé de
prendre autant de distance (les scènes les plus dures, celle avec le
grand-père en fauteuil et le gamin sous le mur, sont parmi les
meilleures). Là, il a juste laisser le sujet faire le boulot à sa place.
Pas de chance, ça ne marche pas vraiment avec moi. Je ne voudrais pas non
plus vous décourager de voir ce film si ce n'est déjà fait, mai le battage
qu'on a fait autour me semble totalement disproportionné. C'est une oeuvre
honnête, sans plus.
Roupoil, 22 avril 2006