Deuxième partie de notre soirée critique consacrée aux
comédies cultes, on fait un grand bon en avant dans le temps, mais on
s'arrête tout de même au début des années 80 (eh oui, on s'approche des
trente ans) pour revenir sur un des plus célèbres films des débuts de la
joyeuse troupe du Splendid, à l'époque où Lhermitte, Jugnot, Balasko et
autres n'étaient encore qu'une bande de potes tout juste sortie du
théâtre. D'ailleurs, de théâtre il est question puisqu'après tout il
s'agit ici d'une adaptation de pièce.
Le lieu quasi unique des péripéties est le central téléphonique de
l'association SOS Détresse Amitié, qui prend en charge la souffrance des
personnes au bord du rouleau. En cette veillée de Noël, ce sont Pierre et
Thérèse qui vone gérer une soirée animée. Supérieure coincée dans
l'ascenseur, travelo qui insiste pour venir les voir, voisin étranger un
brin lourdingue et surtout un couple de marginaux à la dérive vont leur
causer quelques petits soucis. L'occasion peut-être de régler quelques
comptes, mais tout cela dans la bonne humeur qui sied à un réveillon, bien
entendu.
Bon, alors puisque j'étais parti en mode comparaison, pourquoi ne pas
tenter un petit rapprochement avec Les Tontons flingueurs ?
Finalement, l'esprit n'est pas si éloigné : un film comique qui s'appuie
beaucoup sur ses dialogues, une troupe d'acteurs qui porte le lot, et un
scénario un peu prétexte. Et pourtant, sans vouloir vêxer les fans du duo
Lautner-Audiard, le Père Noël a gardé beaucoup plus de mordant que les
tontons. Pourquoi ? Sûrement tout simplement parce qu'il est, à la base,
beaucoup plus vachard. Ca tape sur à peu près tout ce qui bouge avec une
absence de finesse totalement revendiquée, et même si ça sent un peu le
vieux dans la représentation de certaines minorités (le personnage de
Katia notamment, pas ce qu'il y a de mieux dans le film, même s'il
permettra aux plus jeunes de constater que Christian Clavier a été un
véritable acteur autrefois), le film est rarement aussi bon que quand il
est outrageusement caricatural. Tout ce qui touche au grandiose personnage
de Monsieur Preskovitch, notamment, est absolument hilarant.
Bien sûr, il y a des moments plus réussis que d'autres (ça s'essouffle un
tout petit peu sur la dernière demi-heure) mais le film est suffisamment
rythmé et plein de trouvaille spour qu'on ait largement son compte.
D'ailleurs, même si on sent l'origine théâtrale du projet (au jeu des
acteurs notamment), ça ne gêne pas dans la mesure où les entrées et
sorties de personnages et enchainements de gags sont bien gérées.
Lhermitte en français moyen raciste et intolérant même s'il le cache bien,
Anémone en nana moche et naïve, Jugnot en délinquant psychopathe et Chazel
en Zézétte épouse X forment un quatuor de tête qui balaierait tout sur son
passage.
En fait, la force du film, contrairement peut-être aux Tontons
flingueurs, c'est d'avoir réussi à cadrer un gros potentiel comique
dans un ensemble à peu près cohérent. Même si le film reste une
accumulation de répliques chocs et de morceaux de bravoure qui se tiennent
très bien séparément les uns des autres, il se regarde aussi très bien
dans la continuité. Suffisant pour en faire un classique pas près de se
démoder.
Roupoil, 25 décembre 2008