Parmi les films oscarisés de ces deux ou trois
dernières décennies, peu avaient encore réussi à m'échapper, et Le
Patient anglais faisait partie de ceux-ci. C'est toujours bon de voir
ce qui plait au public (n'allez pas me faire croire qu'il y a d'autres
critères qui entrent en compte) à une époque donnée, même si c'est
rarement ce qui se fait de mieux. En l'occurence, quand on voit les quatre
films qui l'entourent dans la liste (Forrest Gump,
Braveheart, Titanic et Shakespeare in love), il
y a effectivement de quoi se poser des questions.
Déjà, ce citre est une bonne blague, le patient n'est pas anglais mais
hongrois (on ne l'apprend toutefois pas tout de suite). Il a été défiguré
suite à un accident d'avion dont nous apprendrons la cause après une
longue série de flash-back nous narrant son boulot de cartographe en
Afrique du Nord au début des années 40, et surtout sa passion pour la
femme d'un de ses collègues (c'est du propre). Et en parallèle, nous avons
droit, au présent, c'est-à-dire à la fin de la guerre, aux interrogations
de l'infirmière qui le soigne.
Comme vous pouvez le constater, un scénario très travaillé et une
construction savante. Nan, en fait, je me moque, les flash-back sont là
pour donner un peu de tonus à la narration, mais sinon, c'est de la
guimauve archi-rebattue. Ce n'est pas forcément un gros défaut mais il
faut savoir à quoi s'attendre. Minghella, lui, semble s'en accomoder très
bien, et se permet même des petits clins d'oeil à ses illustres
prédécesseurs de temps à autre (le coup du shampooing, quand on a vu
Out of Africa peu de temps avant, c'est assez bon). Mais même
quand on aime (c'est plutôt mon cas), il faut bien admettre que c'est
atrocement prévisible (alors là, attention, le gentil héros va s'échapper
du train !).
Pour sauver ça, il fallait que le film soit super bien foutu. Côté
acteurs, c'est nickel, Ralph Fiennes colle très bien au rôle, les nanas
sont bonnes (euh, non, je voulais pas dire ça !), même Scott Thomas que
j'apprécie pas outre mesure habituellement me convient parfaitement ici.
Côté images, c'est très soigné. Mais il y a un mais. La réalisation de
Minghella, à défaut d'être mauvaise, surprend. Déjà, il use très peu des
plans larges, ce qui est assez surprenant vu le sujet, mais bon, c'est son
droit. Mais surtout, je ne sais pas trop pourquoi, mais tout sent le
carton-pâte à plein nez. Un plan d'avion au-dessus du désert, ça ne
devrait pas avoir l'air complètement artificiel, normalement, c'est
bizarre.
Mais encore une fois, ce n'est même pas tant que ça un défaut, ça
contribue, avec le scénario, à donner une film une naïveté assez
insurpassable. Je ne suis pas du tout surpris que des tas de gens s'y
soient laissé avoir. Je peux même avouer également que je n'ai pas passé
un mauvais moment. Mais c'est quand même très loin d'être un grand film.
Roupoil, 3 septembre 2006