Deux ans après le franc succès du monumental premier
épisode, Coppola, sous la pression des studios, retournait au charbon,
pour faire encore plus long, encore plus beau, encore plus fort. Deux ans
après ma critique du premier épisode, je suis également de retour pour
m'attaquer au deuxième volet de la plus mythique trilogie du septième art.
Nous retrouvons Michael Corleone là où nous l'avions laissé, à la tête
d'un colossal empire mafieux, entouré avant tout de sa famille, et aux
prises avec les politiciens et autres gens du milieu. C'est donc reparti
pour trois heures de magouilles, trahisons et meurtres dans tous les sens
? En fait, pas vraiment. Déjà, grosse innovation, la narration n'est plus
du tout aussi linéaire que dans le premier épisode. Coppola a en fait
réalisé, en même temps qu'une suite au premier épisode, un
prequel contant les débuts de Vito Corleone dans la mafia
new-yorkaise (et même, avant cela, son arrivée aux Etats-Unis). Il faut
bien l'avouer, c'est une excellente idée, qui permet de briser la
linéarité que j'avais évoquée comme défaut au premier film.
Hélas, un petit défaut est remplacé par d'autres... Finalement,
heureusement que Coppola est allé fouiller du côté du passé, car les
mésaventures de Michael ne semblent dans un premier temps pas le
passionner. Lors de la longue virée à Cuba, il semble même perdre le fil
de son récit (bon, j'admets, j'étais fatigué, ce qui n'aide pas à regarder
un film comme celui-ci, mais là, j'étais en train de piquer du nez, alors
qu'ensuite j'ai tenu éveillé sans problème)...
C'est donc un gros ouf de soulagement quand on a droit (un petit détour
par les années 10-20 plus tard) à une rupture brutale. Trop brutale,
peut-être, dans la mesure où l'évolution des relations de Michael avec
Fredo d'une part et Kay d'autre part ne me semble pas extrêmement fluide
(du coup, la scène d'engueulade avec Kay me convainc moins que ce qu'elle
n'aurait du). On retrouve en tout cas Michael aux prises avec une
commission parlementaire, et miracle, le film non seulement retrouve son
élan, mais vient même se placer à des cimes encore plus élevées que son
prédécesseur. Des scènes de "procès" à la dramatique conclusion, la
"chute" (qui n'en est pas exactement une, du moins pas analogue à celles
de beaucoup d'autres films de de gangsters, Michael restant à la tête de
ses affaires ; mais il y perd tout de même beaucoup) de Michael Corleone
est en tout point admirable.
Coppola a donc réussi, malgré quelques faiblesses, à faire une suite tout
à fait digne à son chef-d'oeuvre. S'il fallait vraiment les départager, je
donnerais tout de même une très légère préférence au premier, moins
inégal. Mais on peut les considérer comme un tout de grande qualité.
Rendez-vous dans seize ans pour ma critique du dernier volet :-).
Roupoil, 11 août 2006