Le parrain,

film de Francis Ford Coppola (1972)



Avis général : 8/10
:-) Un récit d'une ampleur incroyable, passionnant du début à la fin. Une distribution exemplaire, une reconstitution très réussie.
:-( Ça reste très long, il faut le temps de se mettre dans le bain. Et puis ça manque un peu de tonus dans la mise en scène.

C'est à un monument du septième art que s'attaque ma plume virtuelle aujourd'hui, et même le plus grand d'entre tous si on en croit le vote de nos amis américains sur le site d'imdb. Bon, dans la mesure où ils classent les trois épisodes du Seigneur des anneaux parmi les dix plus grands films de tous les temps, ce n'est peut-être pas non plus une référence absolue de cinéphilie avisée, mais ça reste un bon indice, d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'un film si « grand public » que ça.

Qui n'a en tête l'image d'un Brando bouffi quand on évoque Le Parrain ? Et pourtant, il n'est qu'un des personnages importants de cette immense fresque. Vito Corleone dirige l'une des cinq familles de la mafia new-yorkaise, au sortir de la seconde guerre mondiale. Et le nom de Famille n'est pas usurpé, car s'il est bien des liens sacrés dans ce petit monde, ce sont ceux du sang. En l'occurence ceux qui lient Vito à ses trois enfants, Connie dont il célèbre le mariage au début du récit, Sonny l'impulsif désigné à la succession, laquelle viendra plus vite que prévu quand le Parrain est victime d'un attentat, et enfin Michael, de retour de la guerre, fiancée à une américaine, et qui semble le plus éloigné du « business » de son père. C'est pourtant lui qui finira à la tête de l'empire, suite à un spectaculaire revirement, et c'est lui également le personnage central du film.

Que dire sur ce film qui n'ait déjà été dit ? Je ne pense pas qu'il soit réllement nécessaire d'insister sur la performance des acteurs ou sur la solidité du scénario. Pour tenir le spectateur en haleine pendant presque trois heures, il était de toute façon nécessaire d'avoir un sujet à la hauteur. C'est indiscutablement le cas, et la construction exemplaire du film rend hommage à la puissance de l'histoire.

Et pourtant, je ne suis pas entièrement emballé (sinon, ce n'est pas 8/10 que le film aurait eu). Bon, bien sûr, le début est un peu lent, il faut le temps de mettre la mécanique en route, mais ça ne me pose pas vraiment de problème dans la mesure où, une fois qu'on est rentré dans le film, on n'en sort plus, et où les scènes choc réussissent toujours leur effet. Mais ça manque malgré tout selon moi d'un peu de personnalité dans la mise en scène. C'est impeccable, là n'est pas la question, mais peut-être trop lisse, trop classique pour pouvoir y trouver plus que la très bonne copie d'un élève appliqué. Ainsi, la scène où Sonny va tabasser le mari de Connie manque à mon avis cruellement de violence. C'est d'autant plus dommage qu'on a connu Coppola plus inventif dans sa mise en scène ultérieurement, dans Apocalypse Now ou Dracula, par exemple.

Le film se résume du coup à une longue accumulation de scènes certes parfaitement réussies, mais qui rendent l'ensemble très linéaire. C'est peut-être volontaire de la part de Coppola (après tout, ça colle plutôt bien au type de narration effectué) mais ça transforme le film en monument dont tout le poids retombe sur les épaules des dialogues (notamment dans les nombreuses scènes de réunion) et des acteurs. Fort heureusement, de ce point de vue, il n'y a pas l'ombre d'une critique à faire sur le film, qui mérite tout de même sa réputation d'oeuvre majeure du septième art.

Roupoil, 21 novembre 2004



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