Le parfum,

film de Tom Tykwer (2006)



Avis général : 5/10
:-) C'est assez bien foutu, l'acteur principal a la gueule de l'emploi, l'univers olfactif du bouquin passe plutôt bien à l'écran.
:-( Pure illustration du livre, sans originalité, sans personnalité.

Une adaptation du roman-culte de Süskind, il fallait bien que ce soit tenté un jour, mais il faut bien admettre que les doutes l'emportaient plutôt sur la curiosité en ce qui me concerne, tant la transcription de la prose du romancier allemand à l'écran semblait délicate. Süskind lui-même doutait apparemment de la pertinence d'une transcription en images puisqu'il refusa longtemps de céder les droits du livre, notamment après le refus d'un certain Stanley Kubrick d'endosser la responsabilité de la réalisation (c'eût été, n'en doutons pas, intéressant, mais on ne refait pas l'histoire). C'est finalement un compatrioite de Süskind, le jeune Tom Tykwer, remarqué en ce qui me concerne pour son court-métrage dans le patchwork de Paris, je t'aime, qui s'y colle.
Pour ceux qui n'auraient pas lu le bouquin (ce que je ne saurais que vous conseiller de faire, il vaut mieux que le film), sachez que le titre est plus qu'une simple indication, il constitue l'obsession de l'étonnant héros qu'est Jean-Baptiste Grenouille. Celui-ci est né dans des conditions pour le moins difficiles dans le Paris du 18ème siècle, mais doté d'un don extraordinaire : celui de reconnaitre et maîtriser les odeurs comme nul autre. Guidé par sa volonté de capturer et créer les parfums les plus enivrants, il deviendra parfumeur puis meurtrier.
Je peux bien révéler cette facette du personnage puisque les auteurs du film ont cru bon de l'inclure dans le titre... Pas terrible pour le suspense, mais l'histoire étant comptée sous forme de flash-back, c'était assez difficilement évitable. On a ensuite droit à une bonne vieille voix-off qui reprend les mots de Süskind sur fond d'illustration finalement peu bavarde des principaux épisodes du livre. Pas besoin donc d'attendre très longtemps avant d'être fixé sur ce qui sera à la fois la principale qualité et le grand défaut du film : c'est une adaptation fidéle, classique, du bouquin.
La coproduction est assez luxueuse pour qu'on n'ait pas grand chose à redire sur la forme : reconstitution très soignée (le Paris de l'époque est vraiment crédible), belle image, distribution (anglophone...) constituée de vieux briscards qui assurent et de nouveaux venus qui se glissent bien dans leur rôle (Ben Whishaw arrive à créer un mélange bienvenu de séduction et d'inquiétude, et Rachel Hurd-Wood, malgré sa couleur de cheveux grotesque ;-), est très crédible en personification de la beauté). Mais tout cela manque terriblement d'inspiration et de mouvement. Tout à fait agréable quand il s'attarde sur les techniques de parfumerie, le film peine à nous faire adhérer d'une façon ou d'une autre au monstrueux projet de Grenouille.
Là où le livre réalisait l'exploit de rendre palpable un monde essentiellement constitué d'odeurs, son contrepoint visuel se contente d'une illustration très jolie, mais qui tourne en rond avec ses gros plans répétitifs de nez reniflants. Il tourne aussi un peu long, les deux heures et demie du film ne semblant guère justifiées. Même si on ne s'ennuie pas vraiment. En fait, à force de refuser systématiquement la prise de risque, le film a réussi à atteindre une sorte de parfaite neutralité : même dans la scène de l'orgie sexuelle de Grasse, ce n'est ni réussi ni raté, ni choquant ni prude. On regarde tout cela défiler en se demandant parfois ce qu'on fait dans la salle, mais sans déplaisir...

Roupoil, 27 octobre 2006



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