Le nouveau monde,

film de Terrence Malick (2005)



Avis général : 2.5/10
Pourcentage gozu : 1%
:-) Images très belles, mouvements de caméras soignés.
:-( A part ça, rien de bon dans ce film. Colin Farrell nul, intrigue nulle, réflexions métaphysiques nulles. On se fait terriblement chier.

Le retour de Terrence Malick, après quelques années d'absence. Enfin, on va finir par ne plus le dire vu qu'à la fréquence à laquelle il tourne, c'est un perpétuel retour chez lui. J'avoue avoir été assez surpris la première fois que j'ai vu la bande annonce de voir son nom accolé à une reprise de l'histoire de Pocahontas. Malick après Disney, quelque part, ça ne colle pas. De fait, on est très très loin ici du dessin animé.

Un beau jour donc, les Anglais débarquent en Amérique. Mais ici, c'est plurôr l'Amérique qui voit débarquer les anglais, puisque tout se passe vu du rivage américain. Lesdits anglais installent donc leur camp pas loin du rivage, mais aussi pas loin d'une tribu d'indiens. D'un côté comme de l'autre, on se veut plutôt pacifiste méfiant, mais ça finira bien par se friter un peu. Ceci dit, Malick s'en fout, puisqu'il s'intéresse surtout à la relation vite ambigue (puis beaucoup moins) qui va lier une jeune indienne (une des nombreuses filles du chef local, mais apparemment sa préférée) à John Smith, mercenaire de son état.

Pendant quelques minutes, on pense que Malick va effectivement nous faire le film attendu, récit historique, mais assaisonné à sa façon, dans une sorte de réalisme poétique où on plonge au coeur des paysages et des hommes. En fait, pas du tout. Son sujet, il s'en contrefout. L'intrigue est traitée n'importe comment, pas fluide pour deux ronds, les scènes qui la font avancer étant même parmi les plus mauvaises du film (par exemple quand Smith revenu au camp se fait piquer le commandement par un vilain). Quand au réalisme, la barbe impeccable du héros suffirait à le foutre en l'air. Non, sans grande surprise finalement, le réalisateur nous a pondu un objet philosophico-contemplatif, beaucoup plus poussé que son précédent film, La ligne rouge, qui tirait déjà de ce côté-là.

Le bon point, c'est que du point de vue contemplatif, c'est réussi. Les images sont superbes, et le montage de Malick très réussi, bien qu'un peu caricatural de son style (et allez que je te mets un joli plan sur la forêt ou sur des fleurs). Ca suffit même à maintenir la curiosité éveillée pendant un bon quart d'heure. Ensuite, hélas, on craque (et le film est alors mortellement long), car de l'autre côté, le philosophique, c'est une catastrophe totale...

Pas l'ombre d'un début de réflexion cohérente ou intelligente, les dialogues sont navrants et les apartés en voix-off se veulent subtils et ne sont que totalement creux, on est parfois stupéfait de la vacuité de ce qui nous est infligé (exemple parmi tant d'autres de phrases sans queue ni tête : "We're like grass" (nous sommes comme l'herbe) balancé au milieu d'une scène, sans lien avec ce qui précède ni ce qui suit). Le tout servi la plupart du temps par un Colin Farrell complètement à côté de la plaque en curieux mélange de figure christique et de héros romantique (ses efforts désespérés pour faire passer de l'émotion à travers son regard sont tout bonnement pathétiques). On a beau invoquer Wagner et Mozart pour faire passer le tout (le reste du temps, on a droit à du James Horner, plutôt en progrès : deux mélodies potables en deux heures de film), on a surtout l'impression qu'on se fout vaguement de notre gueule.

Je parlais de Disney au début, j'y reviens : Malick a réussi une sorte d'exploit, en me faisant préférer mille fois la version animée à sa tentative de résurrection du mythe. A la limite, s'il avait respécté son parti pris jusqu'au bout, et viré toutes les voix off, se contentant de maigres dilogues et d'impressions visuelles, l'expérience aurait pu être intéressante. Telle quelle, elle est ridicule, sans réussir à vraiment être risible. On ne meurt pas de rire devant ce film, mais d'ennui.

Roupoil, 23 février 2006



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