Le nom des gens,

film de Michel Leclerc (2010)



Avis général : 5.5/10
:-) Souvent surprenant, parfois drôle, toujours intéressant, on finit par accrocher.
:-( Certains passages franchement ratés ou inutiles. Peut-être un ou deux rebondissements de trop vers la fin.

Il est relativement rare que je me déplace au cinéma pour aller voir des films français, mais s'il s'agit en plus d'un film résolument affiché comme parlant de politique (avec de vrais morceaux de Jospin dedans), il y avait a priori de quoi me faire fuir très loin (enfin, moins loin que si le film n'affichait pas ses sympathies pour la gauche, naturellement). Mais bon, ce jeudi-là, il n'y avait, pour changer, pas grand chose à l'affiche, et le choix se réduisait pour moi à Potiche ou Le Nom des gens. J'aurais pu faire le choix sans grand risque avec le film d'Ozon, sûrement suffisamment bien foutu et drôle pour passer un bon moment. J'ai préféré jouer la carte de l'inconnu Leclerc.

Tout commence donc par une intervention d'Arthur Martin (rien à voir avec les cuisines) à la radio en tant qu'expert ornitho-légiste (ça se passe en pleine grippe aviaire). Alors qu'il est en pleine explication du principe de précaution, Bahia Benmahmoud, jeune femme pleine d'allant, l'interpelle en direct. Fille d'immigré algérien bien que ça ne se voit pas, elle est profondément opposée au facho et applique une politique très personnelle pour les convertir. Sauf qu'Arthur n'a rien d'un facho, mais une histoire familiale un brin compliquée.

Au moins, s'il est bien une chose qu'on ne peut pas décemment reprocher à ce film, c'est de se contenter de marcher dans des sentiers battus et rebattus comme le font tant de comédies. Là, on part assez résolumment dans tous les sens, sans jamais faire dans le facile ou le déjà vu. Ca ne suffit bien sûr pas à faire un grand film, et au début, on a d'ailleurs bien du mal à être convaincu. Les flash-back sur la jeunesse des héros sont franchement ratés et les premières rencontres entre nos deux zouaves ne sonnent pas juste. Quant aux scènes de nu de la miss Forestier, à part peut-être une allusion au surréalisme d'un Delvaux, elles ne servent pas à grand chose.

Mais il faut être patient, car le film trouve petit à petit sa voie, fable politique (rien de bien réaliste dans tout ça) où les péripéties et personnages ne sont que prétexte à traiter de sujets de société sous un angle décalé, à coup de dialogues piquants (le film a le bon gout de quitter assez rapidement la veine comique de situation pour se concentrer sur la parole) et de situations plus ou moins incongruës (évidemment, l'arrivée de Jospin fait moins d'effet quand on sait qu'elle doit se produire, mais c'est tout de même une scène rigolote). On en finit même pas être touché par le passé de ces drôles de tourtereaux, même s'il condense de façon un peu trop cumulative quantité de "problèmes" qui ne font pas toujours bon ménage.

Le trop-plein est aussi à l'oeuvre dans un dernier quart-d'heure où on ne croit plus vraiment à grand chose et on se contente d'attendre de voir comment tout ça se terminera. Mais bon an, mal an, ce film très généreux et définitivement foutraque laisse une impression assez forte, pas totalement positive et certainement assez éphémère (ce sera de toute façon inregardable dans 15 ans au vu de la quantité d'allusions à la vie politique française récente). Drôle, drôle de bestiole que voila.

Roupoil, 6 décembre 2010



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