Il fallait une certaine foi pour adapter le pavé
d'Umberto Eco, monument d'érudition certes passionnant mais difficile à
retranscrire fidèlement à l'écran. Mais Annaud n'est certainement pas
homme à se laisser décourager par ce genre de difficultés, et s'est donné
tous les moyens pour obtenir un résultat à la hauteur de nos attentes.
Dans l'Italie du enième siècle (désolé, je suis une merde en histoire :-)
), un important congrès est sur le point de se dérouler dans une abbaye
isolée, réunissant franciscains et prélats du pape sur d'obscures
questions concernant la pauvreté du Christ. Guillaume de Baskerville s'y
rend avec son novice Adso, mais se rend rapidement compte qu'il aura un
autre défi à relever, rien moins que celui de morts suspectes qui ne vont
pas tarder à s'accumuler.
La question évidente, c'était bien sûr : comment diable faire un film
cohérent et "self-contained" à partir des quelques centaines de pages du
livre d'Eco ? Force est de constater que le résultat est plutôt
satisfaisant de ce point de vue. L'enquête est bien sûr privilégiée (ainsi
que l'histoire d'amour d'Adso, peut-être pas le plus intéressant dans la
bouquin, mais c'est un choix assez naturel pour le film), et le tout ne
pose pas de problème de compréhension majeur. Bien sûr, tout le fond du
bouquin (la dispute théologique prétexte à une dissection de la chrétienté
de l'époque) passe un peu à la trappe, et on saisit moins bien les tenants
et aboutissants de l'intrigue, mais après tout, le livre était en premier
lieu un polar historique, il l'est resté.
Et il est par ailleurs fort bien illustré à l'écran. La reconstitution est
vraiment superbe, avec des décors parfaitement adaptés (l'abbaye ressemble
vraiment à ce qu'on imagine à la lecture du livre), qui recréent une
ambiance très prenante. Les acteurs sont également très bons, les
dialogues soigneusement choisis, bref rien à redire de ce côté-là. Et
pourtant, je ne peux m'empêcher de trouver le film un peu statique. On
suit avec intérêt, mais ce n'est jamais réellement palpitant. Peut-être
aussi la faute à une musique trop discrète (mais bon, vu qu'elle est de
James Horner, c'est peut-être préférable, il y aurait eu un grand risque
de tout gâcher sinon...), ou tout simplement au sujet du film...
Une belle adaptation donc, un bon de cinéma aussi, mais rien qui me fasse
vraiment m'enthousiasmer non plus (c'est pour ça que je mets 7.5/10,
sachant qu'il faut 8 pour rentrer dans ma liste de films préférés ;-) ).
Si vous avez lu le livre, c'est une adaptation sympathique, mais qui ne
vous apportera pas grand-chose de plus, et sinon je ne peux que voua
conseiller de vous plonger en premier dans la prose (certes parfois ardue)
du grand Umberto.
Roupoil, 23 février 2005