J'ai encore un peu de retard dans ma culture ciné au
niveau des grands classiques d'avant-guerre et des comédies musicales
cultes, alors pour une comédie musicale culte d'avant-guerre, c'est un
véritable exploit d'arriver jusqu'ici. Il faut dire qu'après la douche
froide de Chantons sous la pluie, je n'étais pas trop pressé de
me frotter à nouveau au genre, mais bon, faisons une exception pour Victor
Fleming et les débuts du Technicolor.
L'histoire est d'une simplicité enfantine : Dorothy, jeune fille qui vit
dans une ferme du Kansas, aime par-dessous tout son chien Toto et déteste
à peu près autant la vilaine Madame Gulch, qui elle-même en veut beaucoup
à Toto, au point de vouloir le faire piquer. Suffisant pour faire fuguer
la jeune Dorothy, mais pas pour bien longtemps. Elle revient à la maison
en pleine tempête, et se trouve embarquée par le cyclone dans un drôle de
voyage. Elle se réveille dans le pays magique d'Oz.
J'imagine que la plupart des gens connaissent les personnages du conte,
l'épouvantail sans cervelle, l'homme de fer sans coeur et le lion sans
courage qui vont chercher à obtenir du grand magicien d'Oz ce qui leur
manque tant. J'avais un peu oublié les détails de l'histoire depuis la
dernière fois où j'ai croisé la route d'Oz, mais une fois le film terminé,
il faut bien l'admettre : il n'y pas de détails de l'histoire, puisqu'il
n'y a essentiellement pas d'histoire. Juste un voyage initiatique d'une
linéarité désespérante, avec quelques scènes "d'action" pour meubler le
tout, et bien sûr entrecoupé de chansons puisque c'est le principe. Les
chansons en question, d'ailleurs, sont plutôt un point positif du film.
Pour le reste, il est bien difficile pour un être humain ayant dépassé
l'âge de raison (habituellement fixé à sept ans, pour ceux qui ne
sauraient pas) de trouver un véritable intérêt à tout ça. Il y a même une
ou deux péripéties qui frisent l'absurde par leur extrême simplicité, par
exemple le coup du champ somnifère contré par une avrese de neige ?!?
En fait, le film est assez désarmant de simplicité, et ce qui est
peut-être encore plus fort, c'est que ce scénario pour tout petits est
illustré avec un premier degré tout aussi désarmant. Couleurs pétantes,
décors peints ou en plastoc totalement apparent, effets qui prêtent plus à
rire qu'autre chose (les apparitions de la sorcière notamment),
personnages risibles (les Munchkins), tout est tellement enfantin que
c'est finalement ce qui fait la force du film : impossible de le regarder
sérieusement avec des yeux d'adulte, ce qui nous oblige à jouer les
"jeunes de coeur" comme le veut le réalisateur.
Ca n'empêche pas qu'il me reste difficile d'admettre que ce sommet
intégral de kitsch soit un des films préférés de tant de gens. Peut-être
aurait-il fallu que je le vois étant gosse pour réussir à m'émerveiller un
peu plus. Là, j'ai juste passé un moment, euh, surprenant, pas vraiment
désagrable, mais j'avais autant l'impression d'être à ma place que si je
regardais un épisode de Trotro à la télé comme s'il m'était destiné.
Roupoil, 12 décembre 2008.