Neuvième et dernière séance pour ma Fête du Cinéma 2008
(en deux jours, c'est déjà pas mal), et une dernière reprise pour conclure
en beauté avec ce classique de Mankiewicz, dont il faut d'ailleurs
toujours que je voie les quelques films de lui que j'ai achetés en DVD il
n'y a pas très longtemps. Celui-ci est son dernier et m'avait été assez
fortement conseillé par tout plein de gens, je me sens plus ou moins
contraint de ne pas le trouver mauvais...
Un beau soir, Milo Tindle débarque dans la propriété de l'écrivain de
romans policiers Andrew Wyke, à la demande de ce dernier. Il apparait
rapidement que Tindle est l'amant de la femme de Wyke, que ce dernier est
au courant, et qu'il propose à Tindle un marché, à savoir voler avec son
consentement ses propres bijoux puis les revendre afin de pouvoir s'enfuir
tranquillement avec sa femme pendant que lui-même convolera avec sa
maitresse. Hum, tout cela ne serait-il pas un peu trop simple ?
Le film est l'adaptation d'un pièce de théâtre à succès, ce qui
transparait évidemment à l'écran, où quasiment tout se passe à huis clos
dans deux pièces de la maison de Wyke. Peu importe, tant la mise en scène
impeccable joue magnifiquement avec ce décor et ses éléments si
particuliers (Wyke est amateur de jeux et collectionneur d'automates, donc
le fameux Jack rigolard qui ponctue nombre de répliques). C'est même
préférable, tant il est époustouflant de réussir à passionner le
spectateur durant plus de deux heures avec cet unique décor, et un simple
face-à-face entre deux comédiens.
Pour que cela puisse tenir la route, il fallait naturellement quelques
atouts : des acteurs plus que solides (pour ça, on est servis), des
dialogues percutants (pas de problème non plus), et un scénario
suffisamment imprévisible pour tenir en haleine tout du long. Ce dernier
point est certainement le point fort du film, tant le jeu de dupes entre
les deux protagonistes est bien mené. Même quand on devine l'issue de leur
bras de fer, on est fasciné par leurs escarmouches, et la manche suivante
déploie encore plus d'ingéniosité.
Bref on a à peine le temps de voir les minutes défiler jusqu'à la cynique
conclusion. Ca reste à mon gout un peu trop proche de ses origines
théâtrales pour que je lui réserve une place plus reluisante dans mon
Panthéon personnel, mais on ne peut qu'admirer le tour de force consistant
à faire un grand film à partir d'un matériau qui n'est à l'origine pas
fait pour le cinéma.
Roupoil, 3 juillet 2008.