Le Journal d'une femme de chambre,

film de Luis Buñuel (1964)



Avis général : 3.5/10
:-) Noir et blanc soigné. Piccoli rigolo. Une ou deux pointes amusantes.
:-( L'intrigue est très basique, et rien n'est fait pour la rendre intéressante. Pas assez incisif pour être vraiment drôle.

Dans la famille découverte tardive, aujourd'hui, je demande Luis Buñuel. Malgré quelques occasions il y a plusieurs années de cela (assez curieusement j'ai souvenir d'avoir eu plusieurs possibilités de voir Los Olvidados, mais pas d'autre film de Buñuel), j'étais arrivé jusque là à passer entre les mailles concernant le plus célèbre des cinéastes surréalistes. Mais ce n'est pas avec ses collaborations de début de carrière avec Dali que je débute, mais avec un opus assez mineur de sa dernière période française. Remercions au passage Mickey pour nous avoir prêté le DVD, même si on n'a pas aimé le film !

Le titre est assez révélateur du contenu du film : le journal d'une femme de chambre, Célestine, qui débarque de Paris pour aller servir dans un manoir normand, auprès d'une famille de riches tarés. La femme est du genre autoritaire coincée, le mari mollasson frustré, le père de la patronne maniaque fétichiste, et au niveau des serviteurs c'est pas beaucoup mieux, puisque c'est dominé par Jo le facho. Sans compter le voisin militaire qui balance ses ordures par-dessus la haie et se tape sa bonne. Bref, que du beau monde. Au point qu'il ne va tarder à y avoir un crime atroce de commis dans le bois.

On le sait, Buñuel, en plus d'être un surréaliste (ce qui ne se voit pas du tout sur ce film, réalisé avec un classicisme quasi transparent, même si le noir et blanc est joli et les mouvements de caméra élégants dans l'ensemble), était politiquement engagé. Son but ici est manifeste : taper sur les bourgeois et autres extrêmistes (ça se passe dans les années 30, donc à une période intéressante de ce point de vue). But tout à fait louable ma foi, mais encore faudrait-il y mettre, non pas de la conviction, car Buñuel n'en manquait certainement pas, mais plutôt de la subtilité. Là, les personnages sont assez vite cernés, pour la plupart détestables et assez caricaturaux, mais, à part Piccoli qui réussit à être amusant tout du long, pas du tout approfondis ni intéressants. Pour que la caricature porte, il faut de l'ironie, du mordant, des répliques qui font mouche, quelque chose, quoi ! Ici, une seule phrase de dialogue m'a fait marrer, c'est très très peu pour un film d'une heure et demie.

Sans compter qu'il ne se passe finalement pas grand chose dans tout ça. Buñuel essaie bien de doubler son étude de caractère d'une enquête policière, sauf qu'en fait il n'y a pas d'enquête, que c'est mal amené, et de toute façon trop "facile" pour passionner. Bref, sans réellement s'ennuyer, on attend un peu désespérement que le film décolle, ce qui n'arrive en fait jamais.

On en vient à se demander quel est le but de cette assez belle mécanique qui tourne à vide. Ca me fait un petit peu penser aux polars provinciaux de Chabrol (pas que j'en ai vu des masses d'ailleurs !) dont je ne suis déjà pas très fan, mais avec l'intérêt du polar en moins. Que reste-t-il ? Un film soigné, je l'ai déjà dit, mais qu'on oubliera vraiment très très vite. Espérons que ce soit effectivement un Buñuel très mineur...

Roupoil, 22 février 2009



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