Comme je disais il y a quelques jours à un de mes colocs,
je suis une quiche totale concernant le cinéma italien. Tout juste si j'ai
réussi à regarder un Fellini, et encore j'ai pas tenu jusqu'au bout.
Tentons donc un réalisateur un peu moins original, et tant qu'à faire
commençons par ce qui est peut-être son film le plus reconnu. Bon, bien
sûr, y a Alain Delon au générique, c'est pas très engageant, mais il a un
rôle de petit con qui lui va très bien.
De toute façon, le personnage principal, c'est pas lui, c'est Burt
Lancaster, alias le prince Salina, qui est en train d'observer les
changements politiques en cours en Sicile à la fin du dix-neuvième siècle.
Lui, c'est un aristo, un vieux de la vieille, mais il sent que la fin de
son règne est proche. C'est pourquoi il arrange sa succession via son
neveu Tancrède, un ignoble arriviste dont il ne partage pourtant pas les
convictions...
Sur ce thème fort sérieux, Visconti nous pond une grande fresque à
l'avenant. C'est sûrement très beau quand on a la chance d'avoir une cppie
correcte sous les yeux (franchement, c'est quoi cette édition DVD avec des
couleurs dégueulasses et impossibilité de regarder autre chose que la VF
mal doublée ? On se fiche du monde), en tout cas les cadrages sont forts
soignés et la mise en scène délicate. Mais on ne peut pas dire que ça
bouscule beaucoup le spectateur, Visconti fait dans le classicisme presque
chiant.
Je dis presque, parce qu'au fond, même quand il se permet une scène de bal
de près d'une heure quand la moitié aurait largement suffi, on ne s'eenuie
pas vraiment. Il faut dire que le contexte historique est intéressant et
surtout finement analysé. En se concentrant sur les états d'âme d'un seul
personnage (Lancaster, très impressionnant, qui écrase vraiment le film de
sa présence), le scénario évite de se disperser ou d'embrouiller le
spectateur. Et le message qui ressort de tout ça (en gros, la révolution
ne va rien changer, mais est nécessaire) est même pas con. Les personnages
secondaires sont bien un poil caricaturaux (Calogero notamment) mais là
encore, c'est pour le bien de la cause.
Bref, on passe un moment tout à fait agréable et fort instructif. Mais il
est quand même long, le moment en question (à peu près trois heures) et il
manque cruellement la touche de génie qui ferait passer du statut de bon
film solide à celui de vrai chef-d'oeuvre. Si j'étais très méchant, je
dirais bien que c'est un téléfilm historique super boosté. Bon, allez,
c'est pas très mérité, quand même, donc oublions ce que je viens de
dire...
/p>
Roupoil, 13 septembre 2006.