Le Grand sommeil,

film de Howard Hawks (1946)



Avis général : 5.5/10
:-) Bogart a la classe, il y a tous les éléments propres au polar, et les dialogues sont souvent savoureux.
:-( L'intrigue est inutilement tordue, et surtout ça va à 300 à l'heure, on a à peine le temps d'entendre les dialogues.

Un petit tour du côté des immenses classiques ce soir, avec l'un des pionniers du films noir réalisé il y a maintenant plus de 60 ans par l'un des très grands de l'époque, Howard Hawks, dont ce n'est d'ailleurs pas la première apparition sur cette page, puisqu'il était passé à la moulinette de ma critique pour un de ses films plus légers, Les Hommes préfèrent les blondes. Ici, c'est du lourd, et l'occasion de voir à l'écran l'un des couples les plus mythiques du septième art, Humphrey et Lauren.

Le détective privé Philip Marlowe, du genre assez blasé et amateur d'impers, de jolies filles et de cigarettes (une bonne caricature de privé, quoi) est engagé par un vieux général paralytique pour résoudre une sombre affaire de chantage faisant intervenir sa plus jeune fille, qui est du genre à fréquenter des gens un peu louches. Ceci dit, sa grande soeur n'a pas l'air d'avoir que des fréquentations bien sous tout rapport. Marlowe se lance dans ce guêpier d'un air réticent, mais peut-être la grande soeur l'intéresse-t-elle plus que ce qu'il ne veut avouer.

Que des éléments très classiques pour lancer l'intrigue donc, et vu les noms au générique (Chandler pour le bouquin, et rien moins que Faulkner au scénario), on s'attend à une intrigue solide et bien ficelée. En fait de cela, on a droit à un gros foutoir dont il est bien difficile de démêler les noeuds. Les personnages se succèdent à un rythme effréné, on a même pas le temps de comprendre qui fait quoi que certains disparaissent pour mieux refaire surface un peu plus tard, celui qui semble le centre de tout l'imbroglio n'apparaitra jamais, et les tratrises et retournements se succèdent en laissant le pauvre spectateur uin peu groggy.

En fait, le scénario n'est pas si compliqué que ça (et par ailleurs assez classique), c'est plutôt la façon dont il est mis en scène qui fait mal au crâne : ça parle énormément et très vite, Hawks prend pourtant le temps de poser ses scènes (de façon convaincante d'ailleurs) mais dès que deux personnes se parlent, ça débite. Une demi-heure supplémentaire aurait peut-être permis de mieux s'immerger dans tout ça.

Tout cela n'empêche pas par ailleurs le film d'être une expérience agréable en tant que cadre du film noir : tout est là, prêt à être repris et copié à l'envi par des générations de cinéastes, et distillé avec une classe évidente par les acteurs principaux, et un finesse dans les dialogues qui manque bien souvent aujourd'hui (la scène où Bogart et Bacall discutent de chevaux est absolument grandiose). Drôle de film tout de même qui s'est permis le luxe de devenir mythique en racontant une histoire incompréhensible !

Roupoil, 9 juin 2008.



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