Un petit tour du côté des immenses classiques ce soir,
avec l'un des pionniers du films noir réalisé il y a maintenant plus de 60
ans par l'un des très grands de l'époque, Howard Hawks, dont ce n'est
d'ailleurs pas la première apparition sur cette page, puisqu'il était
passé à la moulinette de ma critique pour un de ses films plus légers,
Les Hommes préfèrent les blondes. Ici, c'est du lourd, et
l'occasion de voir à l'écran l'un des couples les plus mythiques du
septième art, Humphrey et Lauren.
Le détective privé Philip Marlowe, du genre assez blasé et amateur
d'impers, de jolies filles et de cigarettes (une bonne caricature de
privé, quoi) est engagé par un vieux général paralytique pour résoudre une
sombre affaire de chantage faisant intervenir sa plus jeune fille, qui est
du genre à fréquenter des gens un peu louches. Ceci dit, sa grande soeur
n'a pas l'air d'avoir que des fréquentations bien sous tout rapport.
Marlowe se lance dans ce guêpier d'un air réticent, mais peut-être la
grande soeur l'intéresse-t-elle plus que ce qu'il ne veut avouer.
Que des éléments très classiques pour lancer l'intrigue donc, et vu les
noms au générique (Chandler pour le bouquin, et rien moins que Faulkner au
scénario), on s'attend à une intrigue solide et bien ficelée. En fait de
cela, on a droit à un gros foutoir dont il est bien difficile de démêler
les noeuds. Les personnages se succèdent à un rythme effréné, on a même
pas le temps de comprendre qui fait quoi que certains disparaissent pour
mieux refaire surface un peu plus tard, celui qui semble le centre de tout
l'imbroglio n'apparaitra jamais, et les tratrises et retournements se
succèdent en laissant le pauvre spectateur uin peu groggy.
En fait, le scénario n'est pas si compliqué que ça (et par ailleurs assez
classique), c'est plutôt la façon dont il est mis en scène qui fait mal au
crâne : ça parle énormément et très vite, Hawks prend pourtant le temps de
poser ses scènes (de façon convaincante d'ailleurs) mais dès que deux
personnes se parlent, ça débite. Une demi-heure supplémentaire aurait
peut-être permis de mieux s'immerger dans tout ça.
Tout cela n'empêche pas par ailleurs le film d'être une expérience
agréable en tant que cadre du film noir : tout est là, prêt à être repris
et copié à l'envi par des générations de cinéastes, et distillé avec une
classe évidente par les acteurs principaux, et un finesse dans les
dialogues qui manque bien souvent aujourd'hui (la scène où Bogart et
Bacall discutent de chevaux est absolument grandiose). Drôle de film tout
de même qui s'est permis le luxe de devenir mythique en racontant une
histoire incompréhensible !
Roupoil, 9 juin 2008.