Le Dahlia noir,

film de Brian De Palma (2006)



Avis général : 7/10
:-) C'est très soigné, et surtout très brillant. La réalisation impressionne, les acteurs sont solides, les personnages intéressants.
:-( Bon, des fois, quand même, il en fait trop (la scène de la mort de Blanchard notamment). Et tous les membres de la famille Linscott (Maddie exceptée) sont complètement grotesques.

Une adaptation d'Ellroy par De Palma, avec pléiade de stars au générique, c'est a priori l'événement cinématographique de l'automne. Pourtant, la critique n'est pas emballée, faut-il aller voir le film ? Bon, vous me connaissez, j'ai beau dire que j'en ai marre des films hollywoodiens sans cachet, je continue à aller les voir :-). J'ai une bonne excuse, j'avais un bon d'après-midi à boucher et les horaires collaient bien...

Comme il se doit, je n'ai pas lu le bouquin d'Ellroy, mais si j'ai bien compris certaines critiques, le film lui est assez fidèle, confusion comprise ;-). En tout cas, plus que de s'attarder sur le destin d'Elisabeth Short, pathétique starlette sauvagement trucidée, il s'interesse à l'évolution d'un ancien boxeur devenu flic, et surtout à ses relations troubles avec son coéquipier, la nana de celui-ci et une riche héritière croisée dans les recoins d'un bar lesbien. Au cours de l'enquête, les côtés les plus obscurs de la vie de chacun seront dépoussiérés, c'est pas toujours joli à voir.

Soyons un peu direct et donc méchant, pour une fois : ceux qui se plaignent de la confusion du récit (il est vrai qu'on ne saisit pas toujours très bien où on en est) n'ont rien compris à l'intérêt du film. De Palma se contrefiche manifestement de l'enquête, et il a bien raison. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir le traitement risible qu'il réserve à la scène de résolution (bon, là, tout de même, il a exagéré, c'est toujours le problème avec lui, il a du mal à se retenir de franchir la limite du ridicule par moments). Non, ce qu'il met en valeur, ce sont les personnages, et merde, on ne va quand même pas s'en plaidre. Alors que le début du film (bien que brillant) laisse vaguement craindre une énième adptation soignée, avec très belle reconstution, voix-off obligatoire et manque total d'âme qui va avec, on est vite détrompés. Tout le film pointe du doigt les dysfonctionnements d'une société qui ne tourne pas très rond, et les tentatives pathétiques de chacun d'échapper à son misérable destin. C'est pas très gai, mais vraiment intéressant. Le manège à trois entre les deux flics et leur blonde, notamment, ne tombe jamais dans la caricature ou la répétition. Et ceux qui trouvent Hartnett trop lisse pour son rôle n'ont encore une fois rien compris : Bleichert est une lavette qui se laisse porter par les événements pendant les trois quarts de l'intrigue, et en ce sens il est très bien rendu...

Et pour soutenir ce scénario pas si mauvais que ça, on a droit, une fois de plus, à un festival De Palma derrière la caméra. Là où la plupart des réalisateurs chargés d'adaptations littéraires se planquent soigneusement derrière leur beau sujet, ici on ne voit que lui. L'atmosphère est extrêmement bien rendue, et la réalisation carrément clinquante. Encore une fois, on ne peut pas passer outre quelques excès regrettables (un ralenti appuyé par-ci, un zoom de trop par-là), mais quand on aime (et c'est mon cas), on pardonne quand même au final.

Finalement, j'ai un peu l'impression que le film s'est fait (en partie) descendre car De Palma a eu l'audace d'ajouter une bonne dose de personnalité à son illustration. J'ose espérer que les vrais amateurs de cinéma sauront distinguer entre ce bon film (certes pas exempt de défauts) et, au hasard, une oeuvre platounette qui tire tout son intérêt du bouquin originel comme Le Parfum, récemment sorti sur nos écrans.

Roupoil, 11 novembre 2006.



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