Ah ben elle va marcher beaucoup moins bien maintenant !
Cette première scène, comme l'ensemble du film d'ailleurs, a fait depuis
bien longtemps son entrée au panthéon des comédies françaises, où il trône
aux côtés de son jumeau La Grande vadrouille, critiqué ici-même
il y a peu (oui, je sais, je les ai pas revus dans le bon ordre). Jumeau ?
A y regarder de plus près, pas tant que ça...
Le corniaud, autrement dit le naïf puisque le terme de corniaud n'est plus
guère usité aujourd'hui, c'est bien sûr Bourvil, manipulé pendant les
trois quarts du film par un De Funès survolté (comme d'habitude). Il doit
transporter (sans le savoir) un gros chargement d'or, drogues et diamants
dans une Cadillac à travers l'Italie. De Funès surveille de près le bon
déroulement de l'opération, lui-même suivi par des gens peu recommandables
prêts à tout pour récupérer le butin.
Tout ça ne va pas chercher bien loin, mais permet de donner un peu de
rythme à l'intrigue et d'insérer des bouts de musique ridicules à chaque
apparition des méchants. Bref, le lien entre les gags est plutôt bien
fait. Quand à la chair comique du film, ben encore une fois c'est pas
léger léger. Bon, c'est pas la grosse artillerie de la Grande
vadrouille, où il y avait manifestement un budget à dépenser et où la
fin justifiait trop souvent les moyens, mais les ficelles restent un peu
grosses. Bourvil qui drague tout ce qui bouge, bon, comment dire, voilà
quoi...
M'enfin, comme on est gentils, on s'amuse quand même la majeure partie du
temps. Les deux acteurs principaux en font des tonnes mais c'est pour le
bien du film, et il y a à intervalles assez réguliers des scènes
bidonnantes, avec quelques répliques devenues cultes à juste titre
(couvert, mais chaud !). Les cartes postales d'Italie n'ont aucun intérêt,
mais on suit le voyage jusqu'à la frontière sans sourciller. La dernière
séquence à Carcassonne tombe un peu trop franchement dans le
franchouillard bas de gamme, mais l'éclat de rire final rattrape un peu.
Au final, ben on ne peut pas dire que ce soit un chef-d'oeuvre, mais c'est
un film qu'on revoit avec un certain plaisir. On n'est même pas trop déçu
par rapport au souvenir qu'on en avait gardé. Allez, tiens, un peu mieux
que la Grande vadrouille pour moi !
Roupoil, 14 mars 2007.