Le Concert,

film de Radu Mihaileanu (2009)



Avis général : 4.5/10
:-) La musique, forcément. Un fond de scénario pas si bête et touchant.
:-( C'est du gros, du lourd les trois quarts du temps, filmé sans inspiration.

Un film qui met la musique classique à l'honneur, ce n'est pas si fréquent que ça, et souvent prétexte à une oeuvre scolaire ou rasoir, quand ce n'est pas les deux à la fois. Mais pour une fois, voila que débarque un film sur le sujet qui a certes l'air d'être un gros truc bien commercial, mais qui bénéficie plutôt d'une bonne réputation et de la présence toujours agréable à l'oeil de Mélanie Laurent en violoniste virtuose.

Mais au début du film, c'est en Russie que ça se passe, où le sieur Filipov, ancienne star de la baguette, est devenu homme de ménage au Bolchoï suite à la grosse colère de Brejnev quand il a refusé de virer les musiciens juifs de son orchestre. Un beau jour, une occasion inespérée de remonter son vieil orchestre pour aller faire un concert au théâtre du Châtelet (mais oui, notre bon vieux Châtelet parisien) se présente. Il va peut-être enfin pouvoir se débarasser de ses vieux démons en jouant sur scène le concerto de Tchaikovski, avec en soliste une violoniste française à laquelle il voue une amdiration qui semble receler quelque chose de plus compliqué que le simple émerveillement de l'artiste.

S'il y a bien une chose évidente au vu du gros succès du film auprès du grand public, c'est que la musique classique a encore un gros vivier potentiel d'adeptes, et qu'incontestablement Tchaikovski et son romantisme quasi dégoulinant passent fort bien sur grand écran. Mais soyons honnêtes, il n'y a pas que Tchaikovski qui soit mis à l'honneur dans le film, puisque les nombreuses (quoique souvent courtes) illustrations musicales puisent dans un répertoire assez varié et sont toujours fort bien choisies (y compris, à ma grande joie, un bout de mouvement lent de première de Mahler, évidemment déchirant dès la première note). Seul bémol niveau musique : pourquoi avoir essayé de faire croire que la fameuse séquence finale du concert était constituée d'un seul jet musical continu, alors qu'on a (nécessairement, le concerto étant évidemment trois fois trop long) inséré trois coupures très moches (mais sans interruption de la musique, donc) dans la partition de Tchaikovski, dont deux à l'intérieur du premier mouvement qui sont assez injustifiables ? Quelques extraits bien choisis (en mettant la sourdine pour les confessions en flash-back) auraient été beaucoup plus judicieux.

Mais bon, la musique est là pour son pouvoir lacrymogène sur les spectateurs, et de fait ça fonctionne assez bien. Heureusement d'ailleurs, parce que pour le reste, le film est tout de même une grosse machinerie très lourde et il faut être bien indulgent pour y trouver de quoi s'enthousiasmer. Scénario pas bête mais hyper prévisible, dialogues ras des pâquerettes, humour très très facile, avec grosses caricatures à la clé (les juifs qui font leur business, ça va deux secondes...), réalisation totalement impersonnelle et pour finir des invraisemblances ahurissantes (l'orchestre qui joue plus faux qu'un regroupement de débutants au début du concerto puis qui tout à coup se met à jouer parfaitement...), ça fait beaucoup.

En fait, ce qui est assez perturbant, c'est que Mihaileanu fait du cinéma de papa, comme on n'en voit plus depuis les comédies familiales des années 70 ou à peu près. La linéarité du scénario et l'absence totale d'originalité des gags sont à peu près rédhibitoires pour espérer faire un bon film de début du 21ème siècle. Restent quelques séquences émotion qui atteignent leur cible, et définitivement, la musique, l'immortelle musique. Mais ça ne vaut pas un bon concert, un vrai (par contre, un conseil, si vous n'êtes pas des habitués des salles parisiennes, évitez de vous précipiter au Châtelet après avoir vu le film, il est beaucoup plus beau vu depuis la scène que du public derrière les piliers...).

Roupoil, 14 novembre 2009.



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