Je précise d'emblée que je suis un grand fan de Miyazaki
depuis que j'ai découverts, il y a maintenant un peu moins de trois ans,
Le voyage de Chihiro au cinéma, puis tous ses succès antérieurs
en video en l'espace de quelques (oui, je sais, ils ne sont sortis que
plus tard en France, mais bon, j'ai des fans parmi mes amis qui n'avaient
pas attendu ;-) ). C'est donc avec une grande impatience que j'attendais
ce nouveau cru.
L'histoire, bien que n'étant pas de Miyazaki, a dû être soigneusement
choisie car elle mêle des thèmes assez typique du maître. Une jeune fille
rencontre dans la rue un jeune homme apparement sorcier pour lequel elle
craque illico (sans se l'avouer, ou en tout cas sans nous l'avouer). Mais
elle n'a pas le temps de se retourner qu'elle se fait transformer en mémé
par la méchante Sorcière des landes. À peine dix minutes plus tard, elle
est femme de ménage dans la curieux bric-à-brac qui constitue le château
ambulant d'Hauru, le beau magicien.
On se retrouve assez rapidement et confortablement dans l'univers de
Miyazaki, toujours aussi coloré et agréable à parcourir. L'assemblage
hétéroclite du château laisse présager de multiples surprises dans la
suite du film, et puis ... et puis en fait pas vraiment. Ça me fait un peu
mal au coeur de ne pas encenser ce dernier Miyazaki, mais force est de
constater une évidente chute d'inspiration depuis son précédent
chef-d'oeuvre. Le château est un décor très intéressant, et source de
quelques bonnes idées (la porte s'ouvrant sur plusieurs paysages
différents, par exemple), mais reste globalement sous-exploité. Où sont
donc passées les petites bestioles craquantes ou affreuses qui
accompagnaient Chihiro dans son périple ? Ici, on a juste droit à un
gentil toutou (vaguement amusant sans plus) et à un démon du feu, certes
réussi, mais qui constitue un personnage à part entière du film, et pas un
de ces ajouts fantaisistes que j'aimais tant dans les précédents Miyazaki.
En fait, j'ai tout simplement eu l'impression d'assister à un dessin animé
très traditionnel, une bonne part de la magie "orientale" que j'aimais
chez Miyazaki s'étant envolée. Ceci dit, en tant que tel, ce château
ambulant est plutôt une réussite. Le dessin est réussi, les personnages
vraiment attachants, et on se laisse tranquillement mener jusqu'au bout du
film, conclusion d'ailleurs assez navrante de facilité. Soulignons
d'ailleurs, puisqu'on en est aux critiques, les faiblessses d'un scénario
qui comporte quelques bonnes idées (une petite vieille amoureuse d'un
jeune homme, ça ne se voit pas tous les jours), mais sombre trop souvent
dans l'incohérence ou le cliché. Miyazaki n'a finalement pas perdu tout
son talent, pour arriver à faire un film agréable à regarder à partir de
cette histoire.
Pour le mot de la fin, j'ai bien envie de sortir une petite vacherie :
j'ai l'impression que ce dernier Miyazaki est finalement très proche d'un
Disney et en partage les défauts. Un bon Disney certes (ce qui n'est pas
si fréquent de nos jours ;-) ), donc un bon moment à passer, mais
certainement pas un grand film comme certains semblent le penser.
Roupoil, 30 janvier 2005.