Le Cercle des poètes disparus,

film de Peter Weir (1989)



Avis général : 5.5/10
:-) Plutôt joli. Un thème intéressant.
:-( Très gentillet. La musique et les ralentis font très daté. N'exploite que bien peu son potentiel.

Il est des films dont on a l'impression que, quand on ne les a pas vus, on rate une partie des références implicites d'une bonne tranche de la population quand on fait allusion à un certain thème. Même si je suis un peu trop jeune pour faire partie de la génération qui a été marquée par le film à sa sortie, Le Cercle des poètes disparus fait partie de cette catégorie. Dès qu'on s'engage dans une discussion sur la poésie, ou même qu'on parle de profs marquants (ce qui m'arrive curieusement de temps à autres), il y a des chances que quelqu'un cite ce classique de la fin des années 80. Pas moins de vingt ans ont passé depuis, Ethan Hawke a continué à faire la star (les autres acteurs un peu moins), et Peter Weir a sortir un film tous les cinq ans (assez souvent remarqué d'ailleurs), mais ce classique, lui, comment a-t-il vieilli ?

C'est la rentrée des classes à l'internat de Welton, un charmant endroit où les méthodes d'enseignement et la discipline semblent tout droit sorties du siècle précédent. Enfin, du moins jusqu'à ce que le nouveau prof d'anglais, John Keating, ne décide de faire réellement découvrir la poésie à ses élèves. Un petit groupe de fans se constitue rapidement, parmi lesquels Neil Perry, en gros froid avec son intransigeant papa qui ne veut pas le laisser participer à une quelconque activité extrascolaire alors qu'il ne rêve que de théâtre. Il y a également Todd le timide, Knox l'amoureux, Charlie la grande gueule, ou Steven le geek avant l'heure.

Bref, une belle brochette de jeunes gens un poil caricaturaux dont on va suivre les aventures ultra prévisibles au long de l'année scolaire. Allez, franchement, je ne veux pas être méchant avec film qui respire la bonne volonté, et qui reste très soigné et agréable à suivre. Mais tout de même, entre un thème initial vraiment intéressant et ce qu'on voit à l'écran, il y a un monde. Tout est lisse dans ce film : les personnages, pas assez fouillés pour être intéressants (au point qu'on met un bon moment avant de bien les distinguer tous), les péripéties non seulement très classiques mais facilement devinables vu l'insistance portée sur les détails importants, et les "méchants" qui sont des caricatures totales (le directeur de l'internat et le père de Neill).

En fait, derrière son vernis poétique, le film n'est rien d'autre qu'un teen movie de plus, avec ses passages obligés (la scène de fête alcoolisée, par exemple), ni meilleur ni moins bon que bon nombre d'autres. Allez, si, on a quand même un assez bon casting, et quelques très beaux plans d'extérieurs. Mais à côté de ça, l'âge du film est également très apparent lors de deux ou trois scènes qui frisent la faute de gout (le départ des gamins vers la grotte sur fond de brume et de musique électronique vaut son pesant de cacahouètes). Même la scène dramatique du film manque sincèrement d'intensité, et s'achève accessoirement sur un ralenti atroce.

Et puis quand même, le plus décevant c'est que cette histoire de poésie ne soit pas mieux exploitée. Tout ce qu'on voit, ce sont des gamins qui lisent quelques vers sans sembler prendre cela très au sérieux, mais ça ne va pas plus loin. Ah si, tout de même, il y a au coeur du film une scène très réussie, celle où Keating (soit dit en passant une caricature aussi dans son genre) fait passer Todd au tableau et le pousse à se révéler un peu. Là, l'émotion est présente. Le reste du temps (y compris lors de la scène finale), on se contente de suivre sans déplaisir ni enthousiasme l'intrigue suivre son cours ronronnant. Pas de quoi crier au scandale (je le répète, j'ai passé un bon moment), mais très franchement, si vous ne l'avez jamais vu, vous ne ratez pas grand chose.

Roupoil, 26 mars 2009.



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