À peu près tous les ans à la période des fêtes, nos
chers amis programmateurs des chaines de télé française ressortent de
leurs cartons les mêmes films à succès garanti pour les resservir à un
public qui apparemment ne demande que ça. En quelques années, cette
nouvelle version du bossu a rejoint cette catégorie, faisant retomber Jean
Marais un peu plus profondément dans ses oubliettes. Allez, un peu de
guimauve de temps à autre, ça ne peut pas faire de mal.
Le roman éponyme a assuré une célebrité posthume à son auteur Paul Féval,
et tout le monde connait donc aujourd'hui le fond de l'intrigue : le
chevalier de Lagardère, protégé du duc de Nevers, se trouve chargé malgré
lui de l'éducation de sa fille Aurore suite à l'assassinat du duc par un
vilain qui n'est autre que son cousin Gonzague. Mais Lagardère reviendra
longtemps plus tard, sous les traits d'un bossu, se venger.
On a là tous les ingrédients d'un bon petit spectacle familial pas trop
prise de tête : une intrigue somme toute très simple mais efficace, un
budget apparemment bien dépensé, une maitrise technique certaine (De
Broca, qui à la fin de sa vie ne faisait plus que dans le film grand
public, a tout de même une belle carrière derrière lui), et surtout un
casting assez irrésistble, Auteuil très charismatique, Marie Gillain
fraiche comme il faut, Perez dans un rôle qui lui va comme un gant, et un
Lucchini toujours excellent quand il faut ajouter une note de décalage.
En fait, De Broca a eu la bonne idée de ne pas trop se prendre la tête et
de résolument viser du côté du film plaisant et non du grand film capable
de renouveller le genre (qui réapparait périodiquement sur les écrans
français avec plus ou moins de succès). Alors, bien sûr, je pourrais
chicaner et dire qu'on est très loin du Cyrano de Rappeneau
(dialogues assez plats, romance quand même assez nunuche et peu crédible,
manque de mystères et de suspense), mais ce ne serait pas très honnête :
ce bossu a simplement décidé de boxer dans une autre catégorie, et il s'en
sort avec les honneurs.
Roupoil, 1 janvier 2008.