Pour enchaîner juste après le Dracula de Coppola lors
d'une soirée consacrée à nos amis buveurs de sang, ce Bal des
vampires, pas franchement le même style de film. Mais bon, justement,
un peu de détente entre deux films sérieux ne peut pas faire de mal.
L'action se déroule comme il se doit en Transylvanie, où le professeur
Abronsius, un savant spécialiste en vampirologie la plus pointue
(d'ailleurs, ses collègues le surnomment « le cinglé », ce qui est assez
conforme à ce qu'on voit de lui à l'écran), vient à la recherche de
spécimens. Il est rapidement conforté dans son idée que le coin est farci
de vampires par des événements étranges.
Tout cela est uniquement prétexte à une gentillette parodie des films de
vampires, et se finira dans la joie et la bonne humeur par un bal
grotesque chez le Comte von Krolock, Dracula d'opérette dont le fils ne
semble pas apprécier que le sang chez le pauvre Alfred, valet simplet du
professeur Abronsius joué par Polanski himself. Pas question de chercher
ici de théories innovantes sur la genèse des vampires, ni de scènes
terrifiantes, Polanski d'attarde plus volontiers sur les poursuites
comiques dans les couloirs d'une auberge puis d'un château, sans compter
l'amourette d'Alfred avec la fille de l'aubergiste (attachement certes
compréhensible, mais qui prend peutêtre trop le pas sur le reste, avec
des scènes qui coupent le rythme pas franchement utiles).
Mais alors, rit-on beaucoup devant ce film ? Eh bien, franchement, pas
tant que ça (sauf si l'on s'appelle Fabrice C., naturellement). La galerie
de portraits est réussie, et les acteurs convaincants (Abronsius est assez
excellent), mais les gags assez convenus. Les éclats de rire sont assez
rares, et les scènes de remplissage nombreuses. Résultat, le rythme
général de l'ensemble est un peu poussif, et on reste sur sa faim, ce qui
est d'autant plus dommage que l'idée de départ était indiscutablement
bonne. Un concept pas exploité au mieux...
Roupoil, 27 octobre 2004.