Last days,

film de Gus van Sant (2005)



Avis général : 0.5/10
Pourcentage gozu : 10%
:-) Dix minutes sur les cent que dure le film où on se contente d'écouter la musique.
:-( Van Sant a réussi plus creux, chiant et vain qu'Elephant. Quelque part, c'est un bel exploit...

Mes lecteurs attentifs, se souvenant peut-être avec quelle vigueur j'avais démoli il y a quelques mois Elephant, seront certainement surpris de me voir à nouveau me frotter à l'art inimitable de Gus van Sant. je ne sais pas s'il s'agissait là d'un accès de masochisme, d'une volonté de croire que les critiques n'encenseraient pas à nouveau un film chiant à mourir, ou simplement d'un espoir que le sujet annoncé (les derniers jours de Kurt Cobain) induirait un traitement plus intéressant, mais j'y allais en tout cas avec la conviction que ce ne pourrait pas vraiment être pire qu'Elephant. Je me trompais lourdement.

Inutile d'essayer de résumer la dernière expérimentation cinématographique de van Sant (non, désolé, je n'ai même pas envie de parler de film pour désigner ce machin), puisqu'il n'y a pas d'histoire. On voit juste Blake (le sosie de Cobain), manifestement défoncé, errer dans sa maison, pendant que les autres habitants du lieu dorment, font la fête ou reçoivent d'étranges visiteurs. Le tout dans une rare économie de dialogues et d'explications. Il semblerait que l'auteur ait voulu saisir la lente décrépitude physique et morale qui accompagne ces derniers jours. C'est un fiasco total : les seuls moments où on a vaguement l'impression de ressentir quelque chose, c'est quand la musique envahit l'écran. on se met à rêver que le film décolle enfin (ça fait une heure qu'il est commencé), mais la désillusion est rapide. C'est simplement la musique qui provoquait ce début d'émotion, ensuite ça redevient chiant comme jamais.

Pour pimenter un peu son film, van Sant a ajouté quelques-uns de ses éléments favoris : temporalité perturbée (les scènes vues plusieurs fois sous des angles différents), plans fixes sur la nature, ou plans-séquences interminables sur une personnage qui se balade de dos. Mais autant on pouvait trouver une justification à ces afféteries dans Elephant, autant ici on ne voit absolument pas où le réalisateur veut en venir. Ajoutez à cela des bruitages incompréhensibles à longueur de temps (notons par ailleurs le choix particulièrement étrange des illustrations musicales  : Janequin (enfin, si j'ai bien identifié) pour accompagner la mort de Blake, c'est certes original, mais on se demande quel sens ça a) et vous comprendrez que le profond ennui du spectateur se mue en perplexité puis en agacement. Le tout se clôt avec une scène ridicule où l'âme de Blake se sépare de son corps, sans l'ombre d'une amélioration entre-temps.

Le cinéma de van Sant me fait un peu penser aux dérives de la musique ou de la peinture dans la seocnde moitié du siècle dernier : on fait n'importe quoi en prétendant avoir un projet artistique, les critiques applaudissent à deux mains, et tout le monde semble content. J'ose espérer que cet exemple ne sera pas trop suivi. En attendant, je ne peux que donner ce conseil à ceux qui seraient attirés par l'affiche de Last days : fuyez !

Roupoil, 15 mai 2005.



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