Lascars,

film de Albert Pereira Lazaro et Emmanuel Klotz (2009)



Avis général : 6.5/10
:-) Un graphisme et un son sympas, des gags qui fonctionnent et des persos attachants.
:-( Le scénario est assez limité et répétitif. Quelques caricatures un peu trop grosses.

Yo, les scarlas sont dans la cepla, ça va chiredé veugra sa reum ! Euh, ahem, ok, c'est un peu facile et pourri comme intro. Donc, voila, les lascars, gentillette série animée qui brocardait en de courts épisodes le mode de vie des banlieues et bénéficiait pour l'occasion d'un graphisme très "urbain", passe au long, récupérant au passage un casting vocal à faire saliver les plus grands. Bon, ça c'est bien mais niveau contenu ? Parce que la baston de regard d'une heure et demie, ça va peut-être faire un peu long.

À Condé-sur-Ginette, charmante banlieue anonyme avec ses barres et autres dealers typiques, ce sont les vacances, et chacun cherche à s'occuper comme il peut. Il y a les chanceux qui ont leurs billets pour Santo Rico et ne manquent pas de charrier les autres. Tony et José, eux, sont plutôt dans la case bolosse. Après une première tentative de choper des billets qui finira dans la confusion, Tony se décide à dealer pour Zoran, un caïd du quartier, histoire de se refaire de la thune, tout en essayant de calmer les ardeurs de sa copine Manuella. Quant à José, il récupère un plan bricole dans la demeure de Clémence, une bourgeoise (je ne me risque pas à tenter une orthographe pour le verlan de ce mot) qui lui a tapé dans l'oeil.

Quelques personnages hauts en couleurs, beaucoup de verlan, de tchatche et des gags pas très fins à la pelle, la recette n'est finalement pas très compliquée. Reste à faire prendre la sauce. Et honnêtement, ça fonctionne plutôt bien. Le graphisme très coloré et inventif (le mélange 2D/3D est intéressant) et les quelques trouvailles niveaux animation (le plan de l'arrivée de Tony face à la bande de Zoran par exemple est excellent), alliées à un rythme constamment soutenu et bien assaisonné d'une musique hyper efficace (un regret à ce propos, que la chanson du générique ne soit pas sous-titrée, car il est vraiment dommage d'en rater le contenu), à commencer par une chanson irrésistible à la fin du film, font qu'on ne s'ennuie pas une seconde, et suffisent à laisser passer les faiblesses d'un scénario tout de même un peu fourre-tout.

Il n'est jamais facile de passer d'un format très court à un autre beaucoup plus long, et ces Lascars ne font qu'à moitié exception à la règle, le long-métrage ressemblant un peu trop à une succession de saynètes et de gags reliés de façon parfois un brin poussive. On regrettera aussi quelques personnages franchement trop caricaturaux pour être intéressants (le juge Santiépi, ou même Manuella, sont un peu gros) et un humour qui ne fait pas toujours dans la subtilité.

Mais n'empêche qu'on rigole bien, et que les gentilles cailleras au centre de l'intrigue (José et Tony en tête) sont au fond éminemment sympathiques. Emmené par un casting vocal qui tient toutes ses promesses (mention spéciale à Fred testot pour la voix ahurissante de Sammy), Lascars réussit son pari, celui d'un film coolet rigolo qui met pour une fois, même si c'est de façon édulcorée, les banlieues sur le devant de la scène.

Roupoil, 1 juillet 2009.



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