Yo, les scarlas sont dans la cepla, ça va chiredé veugra
sa reum ! Euh, ahem, ok, c'est un peu facile et pourri comme intro. Donc,
voila, les lascars, gentillette série animée qui brocardait en de courts
épisodes le mode de vie des banlieues et bénéficiait pour l'occasion d'un
graphisme très "urbain", passe au long, récupérant au passage un casting
vocal à faire saliver les plus grands. Bon, ça c'est bien mais niveau
contenu ? Parce que la baston de regard d'une heure et demie, ça va
peut-être faire un peu long.
À Condé-sur-Ginette, charmante banlieue anonyme avec ses barres et autres
dealers typiques, ce sont les vacances, et chacun cherche à s'occuper
comme il peut. Il y a les chanceux qui ont leurs billets pour Santo Rico
et ne manquent pas de charrier les autres. Tony et José, eux, sont plutôt
dans la case bolosse. Après une première tentative de choper des billets
qui finira dans la confusion, Tony se décide à dealer pour Zoran, un caïd
du quartier, histoire de se refaire de la thune, tout en essayant de
calmer les ardeurs de sa copine Manuella. Quant à José, il récupère un
plan bricole dans la demeure de Clémence, une bourgeoise (je ne me risque
pas à tenter une orthographe pour le verlan de ce mot) qui lui a tapé dans
l'oeil.
Quelques personnages hauts en couleurs, beaucoup de verlan, de tchatche et
des gags pas très fins à la pelle, la recette n'est finalement pas très
compliquée. Reste à faire prendre la sauce. Et honnêtement, ça fonctionne
plutôt bien. Le graphisme très coloré et inventif (le mélange 2D/3D est
intéressant) et les quelques trouvailles niveaux animation (le plan de
l'arrivée de Tony face à la bande de Zoran par exemple est excellent),
alliées à un rythme constamment soutenu et bien assaisonné d'une musique
hyper efficace (un regret à ce propos, que la chanson du générique ne soit
pas sous-titrée, car il est vraiment dommage d'en rater le contenu), à
commencer par une chanson irrésistible à la fin du film, font qu'on ne
s'ennuie pas une seconde, et suffisent à laisser passer les faiblesses
d'un scénario tout de même un peu fourre-tout.
Il n'est jamais facile de passer d'un format très court à un autre
beaucoup plus long, et ces Lascars ne font qu'à moitié exception
à la règle, le long-métrage ressemblant un peu trop à une succession de
saynètes et de gags reliés de façon parfois un brin poussive. On
regrettera aussi quelques personnages franchement trop caricaturaux pour
être intéressants (le juge Santiépi, ou même Manuella, sont un peu gros)
et un humour qui ne fait pas toujours dans la subtilité.
Mais n'empêche qu'on rigole bien, et que les gentilles cailleras au centre
de l'intrigue (José et Tony en tête) sont au fond éminemment sympathiques.
Emmené par un casting vocal qui tient toutes ses promesses (mention
spéciale à Fred testot pour la voix ahurissante de Sammy),
Lascars réussit son pari, celui d'un film coolet rigolo qui met
pour une fois, même si c'est de façon édulcorée, les banlieues sur le
devant de la scène.
Roupoil, 1 juillet 2009.