Ladykillers,

film de Ethan et Joël Coen (2004)



Avis général : 5.5/10
:-) La maîtrise indiscutable des frères Coen, de très bons acteurs.
:-( Trop de classicisme pousserait presque le spectateur à s'endormir par moments.

Cette fois-ci c'est en terrain connu que je pose les pieds avec le dernier film des frères Coen. D'ailleurs, ça ne rate pas, dès le générique, on se sent a l'aise. Une caméra qui louvoie agréablement au-dessus d'iune rivière où passe un "bâteau-poubelle" dont l'importance capitale se fera sentir par la suite, un corbeau, et la musique typique du Sud américain profond où les frères Coen semblent avoir pris résidence depuis quelques films.

La suite est à l'avenant : une mémé noire gentiment hors du coup dans sa grande maison se fait aborder par un professeur de philo tout aussi hors-norme, intéressé par le sous-sol de sa demeure, soi-disant pour y jouer de la sacqueboute et du violon baroque (moi, je dis, franchement il y avait de quoi se méfier, c'est quand même louche, des gens qui aiment la musique française du dix-septième...), en fait pour y préparer le casse du casino voisin avec une bande de malfrats minables. La réussite incontestable du film, c'est cette galerie de personnages fantasques et attachants, tous formidablement interprétés par une brochette d'acteurs inspirés (ah, les gloussements de Tom Hanks, décidément à l'aise dans n'importe quel rôle). L'histoire elle-même n'a pour le moins rien d'original, mais est habilement menée, et quelques scènes (dont un dénouement réjouissant) font apparaitre un sourire amusé sur le visage du spectateur confortablement installé dans son fauteuil.

Mais alors, me direz-vous, pourquoi donc mettre une note si mauvaise à un film qui semble ne pas présenter de défauts ? Eh bien, certes, ce jugement de ma part est un peu sévère, mais je suis tout de même sorti un peu déçu de ce dernier rendez-vous avec les frères Coen. Après un O'Brother encore inspiré et plein de fantaisie, mais lorgnant déjà vers la facilité et un Barber d'un classicisme étouffant (j'ai raté Intolerable Cruelty au milieu, je me rattraperai un jour), je regrette à nouveau les réussites de leurs premiers films : mais où est donc passé l'univers fascinant d'un Barton Fink ? Certes, ce Ladykillers se laisse regarder avec plaisir, mais on n'y retrouve presque rien de la verve juvénile des Coen. Trop classique, presque trop "bien fait", on a l'impression de se retrouver devant un grand classique du cinéma d'il y a vingt ou trente ans remis au goût du jour (ce qu'est Ladykillers, de fait, mais les Coen ont assez d'imagination eux-mêmes pour ne pas avoir besoin de reprendre celle des autres), et pas devant la dernière création de deux des plus éminents novateurs du cinéma américain de ces quinze dernières années.

Un coup dans l'eau donc, qui ne suffira certes pas à m'empêcher de foncer voir le prochain film des frères Coen, avec peut-être la crainte d'une nouvelle déception, mais toujours l'espoir que leur maîtrise intacte sera cette fois au service d'un projet plus enthousiasmant.

Roupoil, 17 juillet 2004.



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