C'est le retour en France de Park-Chan Wook, un an après
une Old boy remarqué (à juste titre) par les amateurs de cinéma innovant
et n'ayant pas peur du trop-plein, dans la mesure où le monsieur a
apparemment pour règle de ne pas se fixer de limites. Son nouvel opus
semble marcher sur les traces du précédent (encore une histoire de
vengeance), mais quand on aime, on ne compte pas, et c'est donc avec un
enthousiasme certain qu'on se retrouve devant l'écran, où il se passe
toujours quelque chose avec Park Chan-Wook.
Après treize années passées en prison pour avoir séquestré et assassiné un
garçon de cinq ans, une femme encore jeune et belle (ne comptez pas sur
moi pour retenir les noms des personnages) prépare sa vengeance. Elle peut
compter pour cela sur d'anciennes codétenues et une détermination à toute
épreuve. Elle recherche également la trace de la petite fille qu'elle a du
abandonner quelques mois après sa naissance.
De loin, ça ressemble beaucoup à ce que Park Chan-Wook nàous avait déjà
proposé l'an dernier. De près, c'est tout de même assez différent. Certes,
les scénarios se ressemblent, mais l'intrigue ici est tout de même moins
biscornue que la précédente. Les éléments se mettent en place sans grosse
surprise et la résolution de l'intrigue n'est pas au coeur du film
(puisque cette fois-ci, l'héroïne sait déjà tout). Seul le mode de
narration un peu complexe qui est adopté incite le spectateur à ne pas
s'endormir sous peine d'être un peu largué.
Le film est plus recentré sur les sentiments, et n'hésite à en faire
beaucoup pour accentuer le côté dramatique du scénario (qui n'en a pas
franchement besoin). Et quand c'est Park Chan-Wook aux commandes,
beaucoup, c'est vraiment beaucoup. Sûrement trop même, au point d'arriver
à faire douter ses fans. Musique un peu grandiloquente, scènes un peu
faciles entre l'héroïne et sa fille... Il essaie de compenser avec une
touche d'humour nettement plus affirmée que dans Old boy, mais le mélange
se fait assez mal. La recette est intéressante, mais le résultat pas très
homogène.
Reste, et c'est déjà beaucoup, la verve visuelle toujours aussi étonnante
du réalisateur. Des idées à foison (cet homme-là en aligne plus en un
quart d'heure de film que beaucoup de réalisateurs pendant toute leur
carrière), toujours intéressantes, souvent franchement fascinantes, c'est
du cinéma comme on a trop peu l'habitude d'en voir et ça fait plaisir.
Du coup, on est content d'avoir vu ce nouveau film (grâce aussi à un
épilogue réussi après un milieu de film un peu mou), curieusement moins
achevé que le précédent de son auteur. Mais on lui pardonne (en partie)
ses faiblesses, en espérant tout de même un prochain opus complètement
maîtrisé (et avec un scénar qui soit un peu plus éloigné de ce qu'il nous
a proposé pour l'instant, pendant qu'on y est). En tout cas, je serai à
nouveau au rendez-vous.
Roupoil, 19 novembre 2005.