Ce n'est pas la première que je vous fais le coup : un
film d'auteur français que je boude à sortie en salles, puis que je me
décide à aller voir quelques semaines et récompenses plus tard (la fois
précédente, c'était pour L'Esquive). Maus bon, au moins, cette
fois-ci, j'ai payé une place plein tarif puisqu'il s'agissait de mon
premier film de Fête du Cinéma.
L'intrigue se résume en quelques mots : lady Chatterley, aristo bon teint
mais sensible mariée à un homme autoritaire et surtout bien amoché par la
guerre, se tape le garde-chasse, bourru d'apparence mais évidemment un
coeur d'or. On pourrait craindre la mièvrerie et sutout, vu la durée du
film (pas loin de trois heures) que ce ne soit un nouvel exemple du beau
film chiant duquel on a envie de s'enfuir à peine le tiers passé.
Eh bien, on se trompe. Beau, le film l'est indiscutablement. De loin, ça
ressemble pourtant à une reconstitution comme une autre (assez discrète
d'ailleurs) avec plans répétés sur la nature. Mais c'est tellement
maitrisé (les cadrages et notamment l'utilisation du hors-champ sont
parfaits) et en place que c'est un plaisir pour les yeux (le plan sur la
pleine lune qu'on a droit dans un film sur deux, ben ici il passe parce
qu'il arrive au bon moment). Dans le même ordre d'idée, la maitrise du
temps est parfaite. La plupart des scènes sont coupées par des fondus au
noir (à des moments où on ne s'y attend pas forcément d'ailleurs), ce qui
donne une impression de flottement permanent qui convient bien au
déroulement tranquille du film. Même après le début de la liaison, au
moment où on pourrait craindre que le film ne s'installe dans la routine,
il réussit à se renouveler tout en gardant une fluidité remarquble.
D'ailleurs, et c'est le principal point qui me chiffonne, quand la
réalisatrice tente une rupture de style vers la fin du film, ça ne passe
pas très bien. La voix-off n'a pas la légèreté des dialogues précédents
(pourtant très écrits) et le côté "films de vacances" tranche trop avec le
reste. Du coup, la fin déçoit un peu (pas sûr également que le dernier
dialogue assez explicatif soit vraiment indispensable).
Au rang des défauts mineurs, mais qui m'empêchent tout de même ce classer
aussi haut ce film que ce que certains ont bien voulu le faire, je trouve
l'adaptation un peu trop appliquée dans l'ensemble. La forme est très
soignée, mais sur le fond c'est un brin gentillet. Enfin bon, en tout cas
je ne regrette pas d'avoir fini par aller le voi, j'ai même pas trouvé le
temps long...
Roupoil, 24 juin 2007.