La vie est belle,

film de Frank Capra (1946)



Avis général : 6.5/10
:-) L'humour efficace, servi par des dialogues excellents. Un bon rythme pendant 80% du film.
:-( Le noir et blanc moche. La fin qui tire en longueur et le happy end monstrueusement happy.

Commençons par mettre les choses au clair, car la fabuleuse inventivité des traducteurs français de titres de films peut engendrer la confusion (de nos jours, ils laissent la moitié des titres de films américains en anglais, finalement, ça pose moins de problèmes et ça évite de dénaturer). Le film dont je parle ici n'est pas la fable sur les camps nazis de Benigni, mais le classique de Frank Capra, tourné juste après la guerre dans un noir et blanc, euh, disons daté.

Le ressort de la comédie parait presque désuet aujourd'hui, mais comme je n'ai aucune idée de quand date la première apparition de ce genre de procédé (il y a tout de même au moins Le ciel peut attendre de Lubitsch qui est antérieur), admettons-le sans protester. George Bailey est sur le point de se suicider, et ça ne plait pas trop à l'ami Dieu dans le ciel, qui envoie un ange (de seconde classe !) lui porter secours. Mais avant cela, pour mieux le connaitre, l'ange a droit à un flash-back de la vie de George, et nous aussi, du coup.

La vie en question est également assez formatée : George est un gentil gars, dont le père accorde aux pauvres gens du bled où il vit des prêts pour leur permettre de se loger décemment, malgré les menaces du très méchant gros méchant Potter (oui, la redondance est volontaire, le vieil homme transpire tellement le mal que c'en est désarmant). Lui se fiche pas mal de tout ça, son rêve étant de s'enfuir très loin de sa petite ville. Mais les circonstances aidant, il finira par reprendre l'affaire de son père.

Vu de loin, ça fait assez peur, et vu de près aussi par moments : les personnages secondaires sont très caricaturaux, l'histoire assez prévisible et le trait souvent très appuyé. On a pat ailleurs envie de taper sur le scénariste qui flanque à répétition des coups du destin au pire moment pour le pauvre George. Et puis, à l'intérieur de tout ça, il faut bien avouer que capra s'en sort prodigieusement bien. Les ressorts comiques, même les plus classiques sont très bien exploités (le dialogue avec l'ange sur fond d'étoiles, ridicule mais du coup rigolo), la précision des dialogues et du jeu des acteurs, et l'enchaînement très bien maîtrisé des scènes nous plongent au coeur de l'histoire sans qu'on y trouve à redire. Dommage tout de même que l'image en noir et blanc soit aussi moche (ou alors j'ai eu droit à une mauvaise copie, en tout cas, par moments, on avait du mal à distinguer certains objets). Par ailleurs, le sous-titrage était absolument scandaleux pour une édition commerciale (des fautes d'orthographe toutes les deux lignes, et surtout la moitié des phrases non traduites, ce qui faisait perdre une bonne partie du sel des dialogues aux non-anglophones...), mais je ne suis pas là pour critiquer ça (en plus, le DVD n'est pas à moi...).

Revenons donc au film. Qu'est-ce que je disais, au fait ? Ah oui, donc voilà, finalement, un film fort sympathique, auquel j'aurais bien mis une meilleure note, si la fin ne m'avait rejeté en pleine figure les défauts du film. Pendant vingt minutes (la partie après le sauvetage par l'ange est beaucoup trop longue), c'est sucre, guimauve et trémolos, avec un happy end qui laisse pantois (moi, je vous dis, de nos jours, on sait plus faire de happy ends aussi happy qu'avant). Un peu plus de nuances aurait sûrement beaucoup apporté au film, qui reste tout de même très agréable à regarder.

Roupoil, 8 mai 2005.



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