Cette nouvelle critique me pose un problème inédit dans
ma classification : c'est la première fois que je me retrouve à critiquer
deux films ayant le même titre français. Honneur aux anciens, Benigni
trouvera donc sa place derrière Capra, même si son film est sûrement
aujourd'hui le plus célèbre des deux. Cela n'empêche pas que cette vision
sera la première pour moi...
Ce film ci, comme vous le savez sûrement, est une comédie sur les camps de
la mort. Enfin du moins c'est pour ça qu'il est célèbre, car en fait une
moitié du film se passe à la fin des années 30, où on suit les péripéties
de l'inénarrable Guido dans sa tentative de conquête d'une belle jeune
femme croisée au hasard de ses pérégrinations. Il finira par l'épouser et
se retrouver avec le fils issu de cette union envoyé dans un camp nazi.
Mais pas question pour Guido de se laisser abbattre, il use de toute son
imagination pour persuader le gamin que le camp n'est que le décor d'une
grand jeu permettant de gagner un tank !
La première moitié est de fait assez perturbante, puisqu'il s'agit d'une
comédie tout ce qu'il y a plus classique, et même à la limite du désuet
avec ses décors qui sentent bon le carton-pâte et son comique de situation
qui fait souvent dans la facilité (le coup récurrent du chapeau, bon...),
avec un Benigni qui truste l'image et la parole de façon presque saoulante
par moments. Pourtant, on finit par se faire à cette atmophère surrannée
et par trouver le personnage principal attachant malgré tout.
Et puis donc, changement de décor brutal après l'arrestation de la petite
famille. Changement de ton également à prévoir ... ou pas en fait. Assez
curieusement, le film continue dans la droite ligne de ce qui précédait.
Le camp nazi ne reste qu'un décor différent, toujours aussi carton-pâte
totalement déréalisé par le fait que les allemands sont complètement
ridicules ou absents (quel est le sens du personnage du docteur Lessing ?
Nier la réalité de ce qui se passe autour de lui ? Pour le moins curieux).
Bref, l'enjeu dramatique est finalement très faible, et ce n'est pas la
fin (plus ou moins forcée pour que le film reste un brin crédible) qui
suffit à contrebalancer cela).
Le film me donne finalement la désagréable impression de ne pas assumer
complètement sa position, et de se planquer tout le temps du côté de la
comédie sans que l'horreur ne soit jamais visible (le mur de la scène
quasi-finale est plus que révélateur !). Comédie qui par ailleurs n'est
pas mauvaise mais également loin d'être exceptionnelle. Bref, pas un
mauvais moment, mais une certaine frustration au vu de la réputation du
film. Le côté historique le dessert plus qu'autre chose à mon goût.
Roupoil, 6 avril 2008.