Je l'avoue volontiers, je ne suis pas un grand fan des
surprises au cinéma, donc je décortique habituellement le plus les
critiques avant même d'aller voir un film. Eh bien, pour une fois je ne
l'avais pas fait et suis allé tenter ma chance en ayant juste constaté
l'excellence globale de la critique. Bien m'en a pris, car je ne suis pas
sûr que ça m'aurait énormément attiré si j'en avais connu le sujet, ce qui
m'eut fait rater un fort bon film...
Le film se déroule en Allemagne de l'Est, dans les années précédant la
chute du mur. La Stasi est sur les dents, faisant espionner avec une
débauche à faire froid dans le dos toutes les personnes susceptibles
d'avoir des activités compromettantes. Georg Dreyman, auteur renommé, fait
partie de ceux-ci. Il semble pourtant tout faire pour plaire au régime.
Wiesler, lui, est un de ces espions au regard froid dont le devoir passe
avant tout, même si ses supérieurs semblent avoir toutes les
caractéristiques des ordures primaires. Au milieu de tout ce petit monde,
une femme va, plus ou moins volontairement, créer bien du désordre.
De loin, le débutant von Donnersmarck (je dirais bien qu'il va falloir
retenir son nom, mais va y avoir du boulot, il ferait mieux de se trouver
un pseudo rapidement ;-) ) semble utiliser une technique classique :
passer par le biais des histoires individuelles pour mieux appréhender la
grande. En fait, même si le film est très instructif et la reconstitution
de l'Allemagne de l'Est impeccable, le côté historique reste une toile
fond. Car le réalisateur a l'extrêmement bonne idée de faire confiance à
son sujet (il peut se le permettre, c'est du béton armé) et laisser ses
personnages se développer tranquillement. On pourrait même presque avoir
peur pendant la première demi-heure, car la mise en route est un poil
statique, le rythme n'tant pas vraiment très élevé.
Et puis le film avance, et on comprend mieux la logique recherchée : une
réalisation qui assume sa sobriété, et même une certaine application, pas
forcément dérangeante même si un peu plus de brio par moments n'aurait pas
nui, pour laisser la place libre aux acteurs. Et c'est une fort bonne idée
dans la mesure où le casting est dans son ensemble excellent. Mention
spéciale à Ulrich Mühe, qui réussit à camper avec une crédibilité de tous
les instants un personnage dont les motivations resteront jusqu'au bout
relativement mystérieuses. Son rôle reste d'ailleurs l'intérêt majeur du
film, les autres personnages étant un peu plus lisses. Mais de toute
façon, même lorsqu'il fait un épilogue à tiroirs qui sent la mauvaise idée
à 300 mètres, Henckel réussit à nous convaincre totalement.
Une très belle réusiite donc pour ce premier film qui monte parfaitement
en puissance pour finir^par vraiment nous marquer. Reste peut-être au
réalisateur à se trouver une personnalité plus marquée derrière la caméra,
mais on est déjà un paquet de longueurs devant l'académisme désespérant de
La Chute, par exemple (bon, ok, j'exagère un poil).
Roupoil, 28 février 2007.