La vie aquatique,

film de Wes Anderson (2004)



Avis général : 3/10
Pourcentage gozu : 2%
:-) Une indiscutable originalité. Des personnages franchement décalés mais plutôt sympathiques.
:-( On ne rigole jamais, et du coup, forcément, on s'ennuie...

Après une première journée plutôt réussi pour ce printemps du cinéma, il ne me restait plus grand chose d'indispensable à voir, je me suis donc dit qu'il était temps de tenter une expérience un peu plus hasardeuse, et j'ai choisi pour cela le dernier film de Wes Anderson. Je n'avais pas vu ses oeuvres précédentes, mais la bande-annonce laissait entrevoir, à défaut d'un bon film, une certaine originalité.

Ça commence bien, puisque le héros du film s'appelle Steve Zissou (!), est une sorte de clone grotesque du commandant Cousteau (!!), et fait des documentaires à son image, donc plutôt étranges. Il cherche d'ailleurs un financement pour son prochain film, où il doit partir à la chasse au requin-jaguar, qui lui a bouffé un ami de longue date à l'épisode précédent. Débarque juste à ce moment son fils caché, la trentaine, mais qu'il n'a jamais rencontré. Il ne va tarder à rejoindre son père et sa joyeuse bande de cinglés pour une aventure invraisemblable.

Très rapidement, on comprend qu'on a effectivement dans une drôle de galère, qui ne ressemble à peu près à rien d'autre de ce que j'ai pu voir sur grand écran. Tous les personnages ont manifestement un léger grain, les dialogues virent en quelques secondes au n'importe quoi, et quand un gamin fan de Zissou vient lui offrir un cadeau, c'est un hippocampe arc-en-ciel (ce n'est pas la seule apparition de créatures aquatiques surréalistes). Bref, tout le film se base sur l'art du subtil décalage. Ce n'est pas pour me dépllaire, mais bon, chercher à faire décaler uniquement pour ne pas tomber dans le déjà-vu, ça atteint rapidement ses limites. Et ici, le décalage est certes constant, mais aussi presque constamment hyper-subtil (à l'exception par exemple de la scène de fouille de l'île Ping, qui est pour le coup vraiment ridicule, et du coup plutôt meilleure que le reste du film), provoquant comme unique réaction chez le spectateur normalement constitué une perplexité prolongée. On ne rit jamais, ce qui est un peu gênant pour une comédie, et on passe son temps à se demander où veut bien nous mener le réalisateur. Au bout d'un certain temps, on finit d'ailleurs par y renoncer, ce qui permet finalement d'apprécier un peu plus les qualités du film.

Car tout n'est pas à jeter non plus. L'atmosphère douce-amère générale, renforcée par une musique incongrue (du Bowie chanté en portugais) mais séduisante, arrive par moments à emporter l'adhésion (dommage qu'elle soit finalement plus plombée qu'autre chose par des simili-gags qui tombent à l'eau avec une régularité impressionnante). Et surtout, la galerie de personnages loufoques est tout de même assez réjouissante, renforcée par un casting de haut vol.

On regrette que tout ce beau monde ne fasse que s'agiter en vain dans un film dont je m'évertue toujours à comprendre le sens profond. Wes Anderson a certainement des qualités à exploiter, mais cet opus-là ressemble fort à un coup d'épée dans l'eau. Ou bien je ne suis tout simplement pas réceptif à ce genre de poésie et d'humour.

Roupoil, 24 mars 2005.



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