Après une remise dans le bain assez tranquille avec
Michael Mann, retour à des choses vaguement plus fréquentables (si on en
croit la critique intello, comme il se doit, qui n'est pas toujours
au-dessus de tout soupçon) avec le dernier Gondry. Ledit Gondry qui est
d'ailleurs passé d'un seul coup du statut de réalisateur fantaisiste à
celui de grand auteur attendu au coin du tournant. Pour digérer tout ça,
il est revenu tourner à Paris, mais pas vraiment en français. Enfin, c'est
un peu compliqué. Normal, comme le disait la bande-annonce, "C'est un film
de Michel Gondry".
Film dont le personnage principal est le jeune Stéphane, fraichement
revenu de Mexico suite à la mort de son père, pour vivre dans
l'appartement de sa mère et bosser chez un imprimeur. Boulot qui se révèle
beaucoup moins intéressant que prévu, mais qui permet à Chabat de déverser
un bon lot de blagues salaces. Pendant ce temps, Stéphane dragouille
Stéphanie. Ou pas. Car il a un petit défaut, Stéphane, c'est quil est très
rêveur, et qu'on ne sait jamais trop ce qu'il fait vraiment et ce qu'il
imagine.
On s'en doute, Gondry a trouvé là un terrain très fertile pour ses
expérimentations visuelles à tendance poétique. De ce point de vue, pas
grand chose à redire, il a toujours des idées plein la tête, et les
séquences les plus étranges sont aussi les plus intéressantes. Ce type a
de toute façon un talent fou pour rendre sympathiques toutes ses
initiatives. Deuxième bon point : le casting. Gael Garcia Bernal est très
touchant dans le rôle de Stéphane, et tous les acteurs français jouent
très bien le jeu des dialogues bi(voire tri)lingues qui parsèment le film.
Et pourtant, encore une fois (je n'avais déjà pas été aussi accroc que la
moyenne à Eternal Sunshine of the spotless mind), je ne suis pas
entièrement emballé. J'ai passé un bon moment, mais je n'ai pas
l'impression d'avoir vu un grand film. La faute, principalement, à un
scénario qui cache bien ses faiblesses mais ne les fait pas disparaitre.
Si j'étais méchant, je dirais bien que l'absence de Charlie Kaufmann se
fait sentir dans le fouillis ambiant. Certes, c'est un peu le principe,
mais là ce n'est pas suffisamment maitrisé. Au bout d'un moment, on ne
sait vraiment plus où on en est et on se contente de suivre les scènes les
unes après les autres, sans trop savoir où on se dirige. Mais c'était
peut-être la seule façon d'étoffer une intrigue finalement bien creuse :
l'amourette est platounette, et le reste n'est que remplissage
alternativement gras et délirant.
Quelque part, je me demande si Gondry n'est pas un peu une victime
involontaire de son succès. Pas sûr du tout qu'il ait voulu faire plus que
des films gentillets, ce qu'il réussit d'ailleurs tout à fait
honorablement. Mais là, paf, on lui tombe dessus et on voit en lui un
génial novateur (je sais bien que l'originalité est rare de nos jours sur
les écrans, mais bon). Enfin, tant que tout le monde y trouve son compte,
pourquoi se priver ?
Roupoil, 1 septembre 2006.