Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas allé
m'enfermer dans une salle de ciné, essentiellement parce qu'assez occupé
professionnellement en ce moment (y a pas que ça, mais le premier qui me
dit que les profs ne foutent rien se prend une baffe !), mais la situation
devenait critique : une carte à finir avant la fin de la semaine avec pas
moins de trois places dessus. Pas de pot, y a pas grand chose qui me tente
en ce moment (comme d'hab, diront les esprits chagrins). Tentons donc un
film français politique (mais que m'arrive-t-il ?), il y a peu de chances
que je sois déçu puisque je n'en attends pas grand chose...
Simon Kessler est psy dans une grosse pleine de jeunes cadres dynamiques,
enfin de névrosés coincés en costards tous identiques (hein, quoi, pas de
jugement personnel dans le paragraphe résumé ? Pardon, je m'égare). Il a
d'ailleurs, comme on ne tarde pas à l'apprendre, foutu plus ou moins
directement la moitié des employés à la porte (enfin bon, ils étaient
alcoolos, donc c'est normal). Un beau jour, le patron l'invite à mener une
petite enquête sur le directeur général, qui ne ferait plus aussi bien son
boulot qu'avant. Kessler va apprendre de drôles de choses...
Le film fait grand bruit essentiellement àa cause du soi-disant parallèle
entre la Shoah et le monde de l'entreprise moderne. Soyons sérieux, si
parallèle il y a, il est bien ténu, et le film se garde bien d'insister
là-dessus. Tout juste fait-il une analyse du langage tenu dans
l'entreprise. De toute façon, difficile de distinguer de prise de position
précise de la part du film, qui passe son temps à éviter soigneusement de
prendre parti en se concentrant sur la forme au détriment du fond.
Dès le début, le film surprend : cadrages très savants (certes maitrisés,
mais filmer l'oreille des gens quand ils parlent reste un choix curieux),
et surtout utilisation permanente d'un français très soutenu et d'une
diction très peu naturelle de la part des acteurs, qui rend le tout
particulièrement artificiel. L'entreprise dans laquelle se déroule le film
ressemble plus à un fantasme d'artiste qu'à quelque chose de concret. S'y
baladent l'ombre d'un Amalric très transparent (mais c'est le rôle qui
veut ça) et la masse d'un Lonsdale assez impressionnant dans le rôle du
très obscur Just.
Une chose est certaine, Klotz ne manque pas d'idées et d'initiative :
imposer une scène interminable de chant en espagnol qui n'a strictement
rien à foutre dans le film, il faut oser. Personnellemene, je n'aime pas,
car j'ai l'impression que le potentiel indéniable du sujet a été fortement
gâché. On a juste droit à une juxtaposition d'une vision très cynique de
l'entreprise (ça c'est plutôt intéressant, mais pas creusé du tout), et de
considérations sur la Shoah dont on peine à comprendre le véritable sens.
En fait, surnage surtout la pénible impression que Klotz a voulu faire un
film absolument définitif et s'est empêtré dans sa prétention, oubliant de
traiter son sujet. Dommage.
Roupoil, 28 septembre 2007.