La Poursuite infernale,

film de John Ford (1946)



Avis général : 7/10
:-) La qualité des dialogues, l'humour, tout le savoir-faire de Ford.
:-( C'est très prévisible et peu palpitant pendant la première moitié. Les personnages inégaux.

Une grande première pour moi il y a quelques jours, et peut-être un passage obligé pour un cinéphile qui se respecte, aller voir un vieux classique à la Cinémathèque (qui, après un énième déménagement, a rouvert près de chez moi, ça tombe bien). Mais j'y retournerai sûrement, la programmation est plutôt sympa. Pour cette première, un bon vieux western en noir et blanc, sur écran carré, par l'un des maîtres du genre, ça ne peux pas être trop mauvais. Coup de chapeau au passage à la personne qui a été tirer d'une pochette surprise le titre français du film, ladite personne ne l'ayant manifestement pas vu avant.

Pour les habitués du western, l'histoire ne mérite même pas d'être rappelée, mais comme je ne l'avais moi-même jamais vue illustrée à l'écran, je m'y colle quand même : quelque part dans l'Ouest américain, les quatre frères Earp convoient du bétail. Mais alors qu'ils font une pause du côté d'un bled nommé Tombstone, soudain, c'est le drame : le plus jeune est tué et le bétail piqué. Poue la peine, Wyatt Earp devient shérif de la ville et se promet de venger son frère. Il se heurte au départ à une grande gueule ayant aussi élu domicile dans le coin, Doc Holliday, ancien chirurgien reconverti en tenancier de saloon. Il y croisera aussi une charmante Clémentine, et tout se finira par un règlement de comptes à OK Corral, comme le veut la légende.

Je ne voudrais pas paraître désagréable, mais ce qui saute quand même aux yeux quand on voit aujourd'hui un film comme celui-ci, ce sont ses défauts. Au premier plan desquels la pauvreté de l'intrigue et des personnages, ce qui fait tout de même un peu tâche. Même sans connaître à l'avance le déroulement de l'intrigue, il faut quand même admettre qu'on ne se fait pas vraiment bousculer, tous les rebondissements étant assez prévisibles et la narration pour le moins pépère. Mais ce qui me gêne le plus, c'est le manque de profondeur des personnages, pas arrangé par le jeu assez plat de la plupart des acteurs. Seul le Doc est psychologiquement intéressant, Earp lui-même étant un archétype de héros sans intérêt, et les personnages secondaires presque inexistants. Du coup, pendant une bonne partie du film, on se retrouve face à un western certes bien mis en boîte (Ford connait ses paysages par coeur et a un certain sens du rythme), mais qui ne se démarque pas franchement du tout-venant de l'époque.

Bon, en fait si, je suis un peu méchant, deux qualités lui permettent d'éviter de sombrer dans la platitude : d'une part l'authenticité (à travers quelques scènes qui pourraient à tort passer pour du remplissage, par exemple celle de la danse, Ford nous transmet sa sympathie pour le mode de vie des pionniers), et d'autre part l'humour assez présent dans tout le film. Ca reste bien sûr assez gentil, mais souvent efficace (le prix de la réplique culte allant au barman Sam pour son "Non, j'ai été barman toute ma vie"). Et puis quand l'action se met enin réellement en place, on oublie les défauts du début pour se laisser joyeusement entraîner jusqu'au combat final, qui ceci dit est un poil décevant (malgré la caution de Wyatt Earp lui-même sur le tournage).

Bilan ? Bah oui, on passe un bon moment quand même, sauf si on est allergique au genre. Mais je n'échange tout de même pas un film comme celui-ci contre un classique plus récent, ou même contre un bon Sergio Leone. Question de génération, certainement...

Roupoil, 30 décembre 2005.



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