J'ai déjà dit du bien de ce film dans ces colonnes
(critique de La Panthère rose, il ne me restait plus qu'à le
revoir pour pouvoir confirmer. Assez curieusement, j'étais très
enthousiaste avant de le voir car il m'avait laissé un bon souvenir, un
peu moins pendant le film, et pourtant, une fois fini, j'avais à nouveau
envie d'en dire beaucoup de bien...
L'intrigue est d'une simplicité bienvenue. L'acteur indien Hrundi
V.Bakshi, incroyable gaffeur qui vient de ruiner le studio de cinéma qui
l'avait engagé comme figurant en faisant sauter involontairement un décor,
est invité par mégarde à un dîner chez directeur du studio. Tout le reste
du film se concentre sur cette mémorable soirée, qui dure jusqu'au petit
matin, et où les catastrophes vont aller croissant.
Pendant une bonne partie du film, les boulettes accumulées par Sellers
(incroyablement crédible en indien, et dont la moindre apparition
déclenche un sourire automatique chez le spectateur) sont assez bénignes.
Il perd sa chaussure, trempe sa main dans le caviar, embête un peu tout le
monde puis drague gentiment une française égarée. On sourit, on ne
s'ennuie pas vraiment, mais on est simplement pour l'instant devant un
petit film comique agréable, sans plus. Et puis ça va crescendo. Le dîner
lui-même (un peu long) permet une accumulation de gags de plus en plus
ridicule, jusqu'à un grotesque gâchis de dessert et des étranglements de
sommelier à répétition.
Le meilleur est toutefois à venir, avec la soirée qui suit le repas. Les
gags sont de plus en plus marrants (la scène de la salle de bain est assez
tordante), et les dégâts provoqués par Bakshi/Sellers de plus en plus
graves. Et tout cela culmine dans une dernier quart d'heure absolument
inimaginable, avec l'arrivée de l'éléphant. On ne rigole même plus, on
écarquille plutôt les yeux devant le délire total orchestré de main de
maître par Blake Edwards. Et quand c'est fini, on reste sonné mais réjoui
d'avoir assité à cet étonnant final, à mon sens unique dans l'histoire du
cinéma.
Rien que pour cette fin, le film mérite sans doute son statut de film de
culte et reste certainement le meilleur du duo Edwards/Sellers. On reste
toutefois un peu déçu que le duo en question n'ait jamais fait un film qui
soit constamment du niveau de ces dernières minutes, et qui aurait
incontestablement marqué à jamais l'histoire du film comique. À défaut, on
passera un bon moment à cette Party
Roupoil, 22 mai 2005.