La Nuit nous appartient,

film de James Gray (2007)



Avis général : 7.5/10
:-) Un lyrisme échevelé qui fait son petit effet. Quelques excellents acteurs.
:-( Le scénar gentiment moralisant et très grosses ficelles.

Ca ne va vraiment pas du tout, je ne trouve plus le temps d'aller suffisamment au ciné cette année. Enfin bon, quand même une petite soirée dégagée, j'en profite pour aller voir un bon petit polar, signé James Gray, le genre de gars qui sort un film tous les quinze ans. Il ne le fait sûrement pas exprès, mais ça lui a conféré une aura "réalisateur culte" qui m'a poussé à tenter le coup, bien que n'ayant pas vu ses précédents.

Robert Green a une vie assez cool : il bosse comme gérant d'une boite de nuit tenue par un magnat russe qui le considère comme son fils adoptif, et se tape une bombe latino. Mais il cache un petit secret : il s'appelle en fait Grusinski, et son père et son frère sont des piliers de la police new-yorkaise. Lorsque ça commence à chauffer dans son entourage (le neveu de son patron étant mêlé à de sales affaires de traffic de drogue), il va lui falloir choisir son camp.

Les flics contre les voyous, les histoires de rédemption, la jolie poupée qu'on pourrait virer de l'intrigue sans rien y perdre et les histoires de drogue, ça n'a pas l'air très nouveau tout ça. Et de fait pendant vingt petites minutes, Gray pose son sujet sous l'oeil attentif mais pas spécialement enthousiaste du spectateur. On a l'air parti pour un polar des plus classiques, qui arrive à la fin d'une déjà bien longue liste de films de genre. Et puis, en trois morceaux de scène d'une concision et d'une puissance remarquable (attaque de la boite par les flics, puis attentat dans la rue et scène à l'hôpital), le film s'envole vers des sommets dont il ne redescendra pas.

Ou plutôt si, il finira par atterrir, mais après la fin de la projection. Car, soyons honnêtes, le scénario reste tout le long du film assez facile (oh, lui c'était un méchant, mince alors !) et au fond atrocement moralisateur. Mais James Gray a le bon goût de ne pas tirer sur ces grosses ficelles, transformant son histoire banale en tragédie shakespearienne à grands coups de violons et de scènes tendues. Certains lui reprocheront sans doute d'en faire trop, personnellement j'adore. Un sens du rythme époustouflant (on craint une chute de tempo à la fin de la première heure, mais pas du tout, ça repart au quart de tour), capable de trasformer trois plans de voiture sous la flotte en décharge d'adrénaline, et un casting masculin éblouissant (Duvall est énorme dans le rôle du père ; bon, par contre, faut bien admettre qu'Eva Mendes ne sait pas jouer, c'est un peu dommage) font oublier tout le reste.

Peut-être pas tout de même au point de le propulser au-dessus de certains de ses glorieux ancêtres, mais c'est indiscutablement un nouveau poids lourd du genre qui a débarqué sur nos écrans. Une intrigue un peu plus solide, et on tiendrait sans nul doute un énorme chef-d'oeuvre.

Roupoil, 23 décembre 2007.



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