La Nuit du chasseur,

film de Charles Laughton (1955)



Avis général : 7/10
Pourcentage gozu : 1%
:-) Un noir et blanc à la fois inquiétant et magnifique. Robert Mitchum étonnant. L'utilisation de la musique surprenante.
:-( Ca a vieilli. Et le scénario plein de mysticisme laisse tout de même assez perplexe.

Il y a des films qu'on a presque peur de regarder tellement les warnings "attention mythe" clignotent dans le cerveau avant même que la première image n'apparaisse à l'écran. La Nuit du chasseur fait indiscutablement partie de cette catégorie, mais comme je l'avais déjà vu, je ne me suis pas trop laissé impressionner :-).

Dans l'atmosphère délétère de l'Amérique des années 30, Ben Harper, père de famille bien sous tous rapports (enfin, pour ce qu'on en voit), se sacrifie pour ses enfants en volant quelques milliers de dollars. Avant d'être arrêté, il a le temps de planquer l'argent. Seuls les gamins connaissent la planque, mais un compagnon de cellule pour le moins inquiétant et soi-disant pasteur a des vues sur le magot. Une fois sorti de prison, il entreprend de courtiser la veuve et de sonder les gosses.

Sur ce qui ressemble à une trame assez classique, Laughton nous procure un film unique à plus d'un titre. D'une part parce qu'il est la seule oeuvre de son auteur (ce qui n'a pas manqué de jouer dans la vénération qu'il inspire chez certains), mais aussi car il navigue à contre-courant de toutes les modes. Au lieu du film noir attendu, il nous sert une sorte de conte farci de références bibliques, où l'angoisse et la poésie surgissent aux moments les plus inattendus. Visuellement, le film est également surprenant et indiscutablement fascinant. Noir et blanc crépusculaire (plus noir que blanc, en tout cas...), jeux d'ombres permanents, le film possède une ambiance magnifique.

Pour ce qui est des facéties du scénario, je suis nettement moins emballé. Le personnage d'Harry Powell est certes passionnant (et Mitchum l'incarne réellement), mais on a un peu l'impression que Laughton s'appuie sur ses délires mystiques pour donner une dimension supplémentaire au film, ce qui me semble tout à fait superflu. Et puis tout de même, la dernière partie qui vire résolument au conte de fée (avec grand méchant loup) est pour le moins désarmante.

Rien que pour embêter les admirateurs, je vais avouer que j'aurais personnellement bien aimé que Laughton tourne quelques autres films, pour voir ce que deviendraient les promesses pas complètement réalisées de celui-ci. Mais finissons sur une bonne note : le début de la descente de la rivière, moment de poésie pure déboulant sans prévenir au beau milieu du film, sur fond de comptine enfantine (j'en profite pour noter la prédilection de Laughton pour les chansonnettes, très bien utilisées, qui contribuent à l'atmosphère décalée), est une des plus belles séquences de l'histoire du cinéma. Rien que pour ça, il faut voir ce film une fois dans sa vie.

Roupoil, 9 août 2006.



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