L'été est souvent le meilleur moment moyen pour aller
voir sur grand écran des reprises de classiques : même de retour après
deux semaines de vacances, difficile de trouver quoi que ce soit de bon à
se mettre sous la dent dans les dernières sorties. Pour cette fois-ci,
donc, retour aux sources du film de zombies avec le premier film culte de
Romero, maintes fois copié, y compris par lui-même. Ma dernière tentative
dans le genre était d'ailleurs le sympathique (mais sans plus)
Territoire des morts du même auteur.
Ici, sans suprise (surtout quand on sait le budget dont disposait
Romero...), ça ne fait pas dans la fioriture. On commence par suivre une
jeune fille dont le frère se fait attaquer par dans un cimetière par un
type à l'air étrange, et qui réussit à se réfugier dans une maison vide.
Un groupe de quelques personnes s'y forme assez rapidement, qui cherche la
meilleure façon de résister à l'invasion des morts-vivants qui frappe tout
le pays.
La question évidente est : qu'a donc ce film de plus à apporter par
rapport à ses variations modernes sachant qu'on s'attend à un gros moins
niveau visuel ? De fait, le début du film affiche assez cruellement le
manque de moyens. Après un générique sur fond de musique stridente, on a
droit à une première attaque par un zombie (un acteur vaguement maquillé
qui marche bizarrement) et à des moments de frayeur de notre blonde
héroine qui font carrément penser à Murnau (et pas uniquement pour le noir
et blanc). C'est d'ailleurs cette atmosphère singulière qui sauve ces
scènes de la tentation d'en rire. Ceci dit, jusqu'à ce que tous les
personnages soient réunis, le film n'a pas vraiment dévoilé ses atouts.
Ensuite, par contre, c'est impressionnant à tous les sens du terme.
L'énorme force du film, pour commencer, est son réalisme. Au lieu de faire
dans la surenchère du spectaculaire, Romero lorgne du côté du
documentaire, ce qui donne toute son efficacité à l'horreur déployée
(comme quoi les effets spéciaux peuvent aller se rhabiller). Même les
zombies mal faits renforcent cette impression : l'attaque, ici, vient
vraiment de l'intérieur, et qui plus est elle est très crédible. Les
flashs à la télé donnant la situation générale sont une excellente idée,
qui permet en plus à Romero de donner libre cours à sa critique de la
société américaine.
A l'intérieur également, il ne se contente pas de faire dans
l'horreur/action bête et méchante. D'une part, pas de personnages ou de
situations stéréotypés (ça fait plaisir de voir qu'il n'y a pas super
héros en puissance parmi les réfugiés et que quand ils tentent une action
risquée, ça ne réussit pas suite à trois miracles), et surtout la critique
de la société se poursuit en petit comité, via l'affrontement entre un
vieux réac qui veut se planquer à la cave et un noir plus entreprenant qui
rallie les autres à sa cause, pour très ironiquement finir par lui-même se
barricader à la fin du film. La violence latente (enfin, au début) est
réjouissante, et permet d'éviter tout temps mort.
Quand à l'horreur elle-même, elle tient finalement fort bien la route.
Bien aidé par son choix du noir et blanc, Romero réussit quelques scènes
marquantes, l'atmosphère vraiment malsaine aidant beaucoup : les festins
anthropophages des zombies sont assez gerbants, et le meurtre à la truelle
(qui semble être un hommage à Psychose) monstrueux.
En tout cas, on comprend aisément le choc provoqué par le film à sa sortie
(à une époque où les zombies n'xistaient pas encore), et, beaucoup plus
fort, il fait encore un énorme effet aujourd'hui, largement supérieur à
tous les films d'horreur récents que j'ai pu voir. Franchement, foncez le
voir sans vous laisser faire par l'aspect visuel un peu surprenant. Même
si vous n'aimez pas les films d'horreur. La Nuit des morts
vivants est beaucoup plus que cela.
Roupoil, 31 juillet 2006.