La Nuit des morts vivants,

film de George Romero (1968)



Avis général : 8/10
:-) Raaah, un film d'horreur qui joue vraiment la carte de l'horreur et pas celle du spectaculaire !
:-( Le manque de moyens est visible. Le début est moyennement convaincant.

L'été est souvent le meilleur moment moyen pour aller voir sur grand écran des reprises de classiques : même de retour après deux semaines de vacances, difficile de trouver quoi que ce soit de bon à se mettre sous la dent dans les dernières sorties. Pour cette fois-ci, donc, retour aux sources du film de zombies avec le premier film culte de Romero, maintes fois copié, y compris par lui-même. Ma dernière tentative dans le genre était d'ailleurs le sympathique (mais sans plus) Territoire des morts du même auteur.

Ici, sans suprise (surtout quand on sait le budget dont disposait Romero...), ça ne fait pas dans la fioriture. On commence par suivre une jeune fille dont le frère se fait attaquer par dans un cimetière par un type à l'air étrange, et qui réussit à se réfugier dans une maison vide. Un groupe de quelques personnes s'y forme assez rapidement, qui cherche la meilleure façon de résister à l'invasion des morts-vivants qui frappe tout le pays.

La question évidente est : qu'a donc ce film de plus à apporter par rapport à ses variations modernes sachant qu'on s'attend à un gros moins niveau visuel ? De fait, le début du film affiche assez cruellement le manque de moyens. Après un générique sur fond de musique stridente, on a droit à une première attaque par un zombie (un acteur vaguement maquillé qui marche bizarrement) et à des moments de frayeur de notre blonde héroine qui font carrément penser à Murnau (et pas uniquement pour le noir et blanc). C'est d'ailleurs cette atmosphère singulière qui sauve ces scènes de la tentation d'en rire. Ceci dit, jusqu'à ce que tous les personnages soient réunis, le film n'a pas vraiment dévoilé ses atouts.

Ensuite, par contre, c'est impressionnant à tous les sens du terme. L'énorme force du film, pour commencer, est son réalisme. Au lieu de faire dans la surenchère du spectaculaire, Romero lorgne du côté du documentaire, ce qui donne toute son efficacité à l'horreur déployée (comme quoi les effets spéciaux peuvent aller se rhabiller). Même les zombies mal faits renforcent cette impression : l'attaque, ici, vient vraiment de l'intérieur, et qui plus est elle est très crédible. Les flashs à la télé donnant la situation générale sont une excellente idée, qui permet en plus à Romero de donner libre cours à sa critique de la société américaine.

A l'intérieur également, il ne se contente pas de faire dans l'horreur/action bête et méchante. D'une part, pas de personnages ou de situations stéréotypés (ça fait plaisir de voir qu'il n'y a pas super héros en puissance parmi les réfugiés et que quand ils tentent une action risquée, ça ne réussit pas suite à trois miracles), et surtout la critique de la société se poursuit en petit comité, via l'affrontement entre un vieux réac qui veut se planquer à la cave et un noir plus entreprenant qui rallie les autres à sa cause, pour très ironiquement finir par lui-même se barricader à la fin du film. La violence latente (enfin, au début) est réjouissante, et permet d'éviter tout temps mort.

Quand à l'horreur elle-même, elle tient finalement fort bien la route. Bien aidé par son choix du noir et blanc, Romero réussit quelques scènes marquantes, l'atmosphère vraiment malsaine aidant beaucoup : les festins anthropophages des zombies sont assez gerbants, et le meurtre à la truelle (qui semble être un hommage à Psychose) monstrueux.

En tout cas, on comprend aisément le choc provoqué par le film à sa sortie (à une époque où les zombies n'xistaient pas encore), et, beaucoup plus fort, il fait encore un énorme effet aujourd'hui, largement supérieur à tous les films d'horreur récents que j'ai pu voir. Franchement, foncez le voir sans vous laisser faire par l'aspect visuel un peu surprenant. Même si vous n'aimez pas les films d'horreur. La Nuit des morts vivants est beaucoup plus que cela.

Roupoil, 31 juillet 2006.



Retour à ma page cinema