Pour finir en beauté cette Fête du Cinéma 2009, j'avais
décidé de me faire une petite folie en tentant d'aller voir ce film hyper
culte du non moins culte Jodorowsky. Ce dernier est peut-être aujourd'hui
plus connu des amateurs de bande dessinée, notamment pour ses
collaborations avec Möbius, mais c'est un touche-à-tout qui a plus ou
moins débuté sa carrière artistique dans le septième art, avec une poignée
d'oeuvres qui ont toutes les caractéristiques du film culte : nombreux
scandales à leur sortie, interdictions diverses qui ont résulté pendant
très longtemps en une quasi impossibilité de les voir, mais une cote
certaine auprès de fans qui y voient le summum d'un cinéma qu'on
qualifiera faute de mieux de différent (l'influence la plus évidente de
Jodorowsky étant sûrement surréaliste). Il est aujourd'hui possible de les
voir sur grand écran à Paris (mais sur des sièges affreusement
inconfortables, hélas), profitons-en.
L'impression forte qui m'a submergé pendant le premier quart d'heure peut
se résumer en un mot (mes fidèles comprendront, les autres chercheront) :
GOZU ! Oui, enfin, près de cinq ans après le visionnage inoubliable du
film de Takashi Miike, une autre oeuvre semblait en passe de recréer cette
sentation d'effarement complet ! Et puis en fait, La Montagne
sacrée finit par raconter une histoire, fumeuse certes (ou fumée,
c'est selon), mais au déroulement assez "normal". C'est celle d'un clone
de Jésus qui, avec des représentants des autres planètes du système
solaire, et sous la direction d'un alchimiste interprété par Jodo
lui-même, part à la recherche de l'immortalité sur la montagne sacrée.
Il ne faut tout de même pas chercher trop de cohérence dans tout ça, ce
n'est qu'un prétexte à un collage de scènes, ou plutôt de visions, souvent
visuellement surprenantes, farcies jusqu'à la nausée de sexe et de
violence, et au sens pas toujours évident à deviner, pour faire un bel
euphémisme. Disons que globalement, même si on devine bien quelques
symboles et intentions dans tout ça (intéressante reconstitution de la
conquête du Mexique), on ne comprend essentiellement rien. Seule la longue
séquence où les pèlerins sont présentés un à un est à peu près
classiquement construite, et porte même un message assez clair (et assez
politique). C'est d'ailleurs à mon sens la partie la plus intéressante du
film, qui comporte d'ailleurs une ou deux scènes absolument fascinantes,
que ce soit plastiquement (la fusillade des manifestants) ou
"politiquement" (les gamins dressés à haïr les péruviens !!).
Le reste du temps, on en est réduit à contempler les excès de Jodo. Il y a
suffisamment de tout et de n'importe quoi à l'écran pour quon ne s'ennuie
pas une seconde, mais je ne peux pas dire que j'aie été non plus
constamment impressionné par ce que je voyais. Une expérience non dénuée
d'intérêt, certainement, qui ne plaira pas à tous, mais qui est une
tentative de cinéma radical qui vaut le coup d'oeil.
Roupoil, 7 juillet 2009.