La Montagne sacrée,

film d'Alejandro Jodorowsky (1973)



Avis général : 5.5/10
Pourcentage gozu : 50%
:-) Une esthétique intéressante, beaucoup de scènes perturbantes et certaines fascinantes.
:-( Assez incompréhensible...

Pour finir en beauté cette Fête du Cinéma 2009, j'avais décidé de me faire une petite folie en tentant d'aller voir ce film hyper culte du non moins culte Jodorowsky. Ce dernier est peut-être aujourd'hui plus connu des amateurs de bande dessinée, notamment pour ses collaborations avec Möbius, mais c'est un touche-à-tout qui a plus ou moins débuté sa carrière artistique dans le septième art, avec une poignée d'oeuvres qui ont toutes les caractéristiques du film culte : nombreux scandales à leur sortie, interdictions diverses qui ont résulté pendant très longtemps en une quasi impossibilité de les voir, mais une cote certaine auprès de fans qui y voient le summum d'un cinéma qu'on qualifiera faute de mieux de différent (l'influence la plus évidente de Jodorowsky étant sûrement surréaliste). Il est aujourd'hui possible de les voir sur grand écran à Paris (mais sur des sièges affreusement inconfortables, hélas), profitons-en.

L'impression forte qui m'a submergé pendant le premier quart d'heure peut se résumer en un mot (mes fidèles comprendront, les autres chercheront) : GOZU ! Oui, enfin, près de cinq ans après le visionnage inoubliable du film de Takashi Miike, une autre oeuvre semblait en passe de recréer cette sentation d'effarement complet ! Et puis en fait, La Montagne sacrée finit par raconter une histoire, fumeuse certes (ou fumée, c'est selon), mais au déroulement assez "normal". C'est celle d'un clone de Jésus qui, avec des représentants des autres planètes du système solaire, et sous la direction d'un alchimiste interprété par Jodo lui-même, part à la recherche de l'immortalité sur la montagne sacrée.

Il ne faut tout de même pas chercher trop de cohérence dans tout ça, ce n'est qu'un prétexte à un collage de scènes, ou plutôt de visions, souvent visuellement surprenantes, farcies jusqu'à la nausée de sexe et de violence, et au sens pas toujours évident à deviner, pour faire un bel euphémisme. Disons que globalement, même si on devine bien quelques symboles et intentions dans tout ça (intéressante reconstitution de la conquête du Mexique), on ne comprend essentiellement rien. Seule la longue séquence où les pèlerins sont présentés un à un est à peu près classiquement construite, et porte même un message assez clair (et assez politique). C'est d'ailleurs à mon sens la partie la plus intéressante du film, qui comporte d'ailleurs une ou deux scènes absolument fascinantes, que ce soit plastiquement (la fusillade des manifestants) ou "politiquement" (les gamins dressés à haïr les péruviens !!).

Le reste du temps, on en est réduit à contempler les excès de Jodo. Il y a suffisamment de tout et de n'importe quoi à l'écran pour quon ne s'ennuie pas une seconde, mais je ne peux pas dire que j'aie été non plus constamment impressionné par ce que je voyais. Une expérience non dénuée d'intérêt, certainement, qui ne plaira pas à tous, mais qui est une tentative de cinéma radical qui vaut le coup d'oeil.

Roupoil, 7 juillet 2009.



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