La Môme,

film d'Olivier Dahan (2007)



Avis général : 7.5/10
:-) C'est bien reconstitué, bien joué, bien réalisé. Et les moments forts sont vraiment prenants.
:-( Un poil de facilité par moments, mais rien de très grave.

Mon rythme de critiques ciné a bien baissé ces deniers temps. J'espérais me rattraper pendant ces vacances, mais les éléments se sont ligués contre moi : boulot, voyage en Egypte, plus de télé, et rien de très bon au cinéma. Bon, tout de même, une petite après-midi pour aller voir ce qui me tombait sous la main, en l'occurence pour commencer un film français qui lorgne sur la mode du biopic (ou alors c'est vraiment une étrange coïncidence).

Soyons francs, non seulement je ne connaissais essentiellement rien de la vie de Piaf avant de voir le film, mais en plus je n'avais à peu près rien écouté d'elle non plus. Du coup, je ne jugerai pas l'intérêt biographique de la chose, sachez juste que, de fait, le film insiste pas mal sur les moments difficiles de la carrière de la môme : enfance au bordel puis dans les bas-fonds de Belleville, drogue, et une bonne partie du film qui se déroule pendant les dernières années de la vie de Piaf, vieillie avant l'heure. C'est le procédé presque traditionnel désormais de la mythification via la déchéance qui est repris ici, et qui fonctionne plutôt pas mal. Personnellement, je ne trouve pas du tout que, comme j'ai pu le lire ici ou là, on garde une mauvaise impression de la chanteuse après avoir vu le film.

En tout cas, ce traitement du sujet comme bien d'autres choses (reconstitution coûteuse, casting solide avec rôla osca, euh, césarisable à la clé) semblent vraiment indiquer que dahan et son équipe ont cherché à se fondre dans la mouvance américaine. Réaliser un Walk the line, c'était voué à l'échec ? Eh bien, non seulement on nous prouve ici le contraire, mais l'élève se hisse même au-dessus du maitre.

Déjà, bon point, techniquement, c'est vraiment à la hauteur : la reconstitution est absolument impeccable, décors, costumes et surtout les maquillages impressionnants mais totalement crédibles. L'occasion de féciliter Marion Cotillard, à fond dans un rôle pas facile. Le reste de la distribution, hormis le passage éclair de Depardieu en guest star, a su privilégier des comédiens efficaces plutôt que d'aligner les stars (bon, je suis pas sûr que Rouve soit vraiment le meilleur choix pour le père). Et puis tout simplement, Olivier Dahan, dont je n'avais pas vu les précédentes réalisations, est un véritable auteur, qui tombe par moments dans la facilité (qu'est-ce que c'est par exemple que ce plan sur la pleine lune ? et tout le passage sur la maladie des yeux d'Edith est lourdingue), mais qui la plupart du temps insuffle une véritable énergie dans son film.

Je ne peux pas non plus éviter de mentionner la déconstruction temporelle du récit, qui saute allégrement d'une époque à l'autre sans crier gare. Coquetterie ? Pas du tout, plutôt une manière d'échapper à la lourdeur d'un pseudo-documentaire (mais on suit tout de même sans difficulté, sauf peut-être au moment de la mort de Leplée, qui est un brin confuse) et de privilégier une sorte de kaléidoscope d'instantanés. Et ce qui est très fort, c'est justement que ces instatanés sont incroyablement vivants. C'est simple, on plonge immédiatement dans le film et on ne décroche jamais, avec de véritables moments d'émotions disséminés de temps à autre (la mort de Cerdan évite avec brio le pathétique lourd).

Excellente suprise donc que ce vrai bon film populaire qui, malgré ses petits défauts, réussit à se sortir du moule dans lequel on aurait pu vouloir l'enfermer trop vite. Même si le sujet ne vous branche pas, tentez le coup, vous pourriez bien, comme moi, ressortir de la séance tout retourné.

Roupoil, 3 mars 2007.



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