Petit pause statistiques au moment d'entamer cette
nouvelle critique : elle fait suite à une série de 340 autres petits pavés
indigestes pondus au cours de presque quatre ans de bons et loyaux
services (je tiens presque la moyenne des 100 nouveaux films par an), et
parmi ceux-ci, le film auquel je m'intéresse aujourd'hui partage un point
commun avec seulement quatre et demi d'entre eux (et un demi de plus si on
accepte Persépolis dans le lot), celui d'avoir été réalisé par
une femme. Eh ben c'est pas demain la veille qu'on aura la parité derrière
la caméra au cinéma...
Le film suit le parcours d'Ada, jeune mère qui se voit mariée par son père
à un homme qu'elle n'a jamais vu, et part le rejoindre en
Nouvelle-Zélande. Ada a une particularité ; elle est muette depuis son
enfance, et passe des heures entières devant son piano. C'est donc le
drame quand, le jour du débarquement, ledit piano reste sur la plage.
Heureusement pour Ada, un voisin un peu rustre finit par le ramener chez
lui, mais ne le rendra qu'au prix de quelques faveurs de la part d'Ada.
Un sujet pas très éloigné d'un certain Lady Chatterley, l'un des
quatre films et demi dont je parlais au-dessus. Montée du désir entre deux
êtres que tout oppose, tout ça. Enfin, quoique, car à regarder le film, on
se demande si Jane Campion a vraiment envie de nous faire partager les
sentiments de ses personnages, dont les réactions et évolution au cours du
film sont parfois déroutantes (pourquoi au fond Ada a-t-elle fini par
craquer pour Baines ?). Le film laisse du coup une assez curieuse
impression de froideur peu adaptée au sujet traité.
Il faut dire aussi que la réalisation est du genre calme et posée. Si ça
manque un peu de vigueur à mes yeux, on ne peut pas nier que ça convient
très bien à bon nombre de scènes lorgnant plutôt du côté du contemplatif.
En bon romantique incorrigible, j'ai aimé notamment les images du piano
sur la plage, je l'avoue. À propos de piano, mieux vaut aimer l'instrument
et surtout les tartines de Nyman, car on y a droit quasiment en continu.
Moi ça va je supporte.
J'ai un peu l'impression en fait que le fond ne colle pas vraiment à la
forme (ou le contraire, vous m'avez compris). En soi le scénario n'est pas
inintéressant (ça a le mérite d'être assez original), et les images sont
très belles. Mais il manque quelque chose à l'ensemble pour être plus
qu'un film agréable à regarder.
Roupoil, 4 février 2008.