La Horde sauvage,

film de Sam Peckinpah (1969)



Avis général : 7.5/10
:-) Des scènes d'action extraordinaires, de très bons acteurs, un pessimisme qui fait toujours plaisir.
:-( Il reste quand même pas mal de clichés.

Ca faisait un moment que je n'avais pas dit du bien d'un film de ce bon vieux Sam Peckinpah. Il manqueit tout de même dans mon exploration de sa filmographie son film le plus célèbre, et un de ces westerns "classiques" qui étaient sa spécialité. L'actualité ciné étant plus que morne en ce moment, l'occasion est bonne pour se retourner vers les grands anciens. Alors, La Horde sauvage, réputé pour sa violence très crue, a-t-il bien vieilli ?

La horde en question, c'est une bande de malrats menés par un Pike intraitable mais vieillissant. Il le dit lui-même, il ne cherche qu'à faire un dernier gros coup pour pouvoir se retirer. Mais ce ne sera pas l'attaque de banque qui ouvre le film (et se finit accessoirement en bain de sang) et qui n'était qu'un leurre destiné à l'attirer dans les filets de son "ami" Deke. Pike et ses hommes s'enfuient vers le Mexique, où c'est bien le bordel. Peut-être y trouveront-ils l'occasion de se refaire.

Pour ce qui est du veillissement du film, on est rassurés en dix minutes. Même si bien sûr la violence parait relativement anodine (et le sang bien rouge) à nos yeux aujourd'hui, la maitrise affichée par Peckinpah est impressionnante. La montée de la tension et la chorégraphie de la fusillade (très caractéristique de son style, avec montage haché mais pas aussi pénible que dans Les Chiens de paille et utilisation fréquente du ralenti) sont superbes de précision. Les films d'action actuels et leurs cascades pyrotechniques où on ne comprend rien à ce qui se passe feraient bien d'en prendre de la graine.

Ensuite, il est temps de poser un peu l'histoire. Sans surprise quand on connait un peu le père Sam, les personnages sont tous très ambigus, les méchants ayant droit au traitement le plus amical de la part du réalisateur, quand les "gentils" sont tous des pourris. Bon, admettons que Mapache soit un personnage résolument pas cool, mais pour le reste, le manichéisme est évité, ça fait toujours plaisir. Ceci dit, Peckinpah tombe presque dans l'excès dans la mesure où, une fois le point de vue accepté, le tout est assez prévisible. Sans compter que, pendant tout le développement de l'intrigue, il fait appel assez fréquemment à de bonne grosses ficelles du genre, notamment tout ce qui touche au personnage d'Angel, certes moteur de l'histoire, mais pour le coup pas assez nuancé. Bon, et puis il y a un poil de confusion concernant ce qui se passe vraiment au Mexique aussi.

Mais je pinaille un peu, car tout le coeur du film, pour classique qu'il soit, se laisse suivre avec plaisir et intérêt (très beaux paysages), et nous réserve un morceau de réalisation d'anthologie avec une attaque de train absolument jouissive. Et puis, et puis, bien sûr, il y a le final. Je ne voudrais pas en dire trop pour ne pas gâcher le plaisir du futur spectateur, mais on a là encore droit à une scène grandiose (ah, le parcours de la ville fusils à la main, un sacré cliché, mais l'a t-on mieux illustré qu'ici ?) et une conclusion d'une noirceur frappante. Car finalement, quel est le fond du film de Peckinpah ? La recherche par des individus pas si différents les uns des autres d'une place au soleil dans un monde imprévisible et violent. Un thème qui a abondamment nourri le cinéma dans des genres très éloignés du western. Un thème universel pour un classique qui a peut-être poignardé dans le dos le genre du western traditionnel, mais qui, contrairement à la plupart de ces derniers, restera encore un moment un incontournable.

Roupoil, 16 septembre 2008.



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