La Double vie de Véronique,

film de Krzyztok Kieslowski (1991)



Avis général : 10/10
:-) Ben tout... Comme souvent, je vais d'abord citer la musique, mais la réalisation, Irène Jacob, et tout le reste aussi.
:-( Ca pourrait passer pour de la merde métaphysico-contemplative par moments. Mais pas pour moi...

En cette fin d'hiver 2006, un événement, attendu depuis des années par quelques fans, dont moi, s'est produit : la sortie en DVD de La Double vie de Véronique de Kieslowski, qui plus est accompagnée d'une nouvelle sortie en salles. Imaginez le choc quand j'ai vu les affiches dans le métro ! Enfin, vous aurez peut-être du mal à imaginer si vous ne partagez pas ma fascination pour cette oeuvre. Je l'ai rencontrée la première fois il y a quelques années, par le plus grand des hasards, une diffusion sur Arte l'année de mes 17 ans, et une obscure raison qui poussa ma mère à le regarder, et ce fut l'un des rares chocs cinéphiliques de ma jeunesse (je me suis mis à vraiment aller au cinéma à peu près deux ans plus tard).

Quelque sept ans après, le souvenir était plutôt faible, même si je continuais à le placer parmi mes films cultes. Eh bien, je n'ai pas du changer tant que ça, car j'ai repris une deuxième la même monumentale baffe. Bien sûr, avec un peu plus de recul et d'expérience, j'ai peut-être moins été frappé par les effets de réalisation de Kieslowski, et j'ai pu trouver quelques dialogues un poil sortis de nulle part, mais bon, trente secondes plus tard, j'oubliais déjà les petits détails qui m'avaient fait tiquer, tellement ce film fait partie de ceux qui font exploser mon sensiblomètre dans les grandes largeurs.

Je suis même en train d'en oublier de vous dire de quoi ça cause. Véronika la polonaise et Véronique la française sont deux filles qui se ressemblent énormément. Physiquement, bien sûr, mais pas seulement : elles aiment la musique, chantent superbement, et ont un problème cardiaque. L'une va faire le choix de la musique et de la mort, l'autre celui de l'amour et (peut-être) du bonheur. On peut voir là une nouvelle variation sur un thème à Kieslowski, celui du destin et de l'influence de choix presque anodins sur une existence. Mais cette problématique n'est qu'une toile de fond à la belle histoire qui nous est contée, définitivement centrée sur la musique et l'amour.

Vous me direz, pas très dur d'accrocher le chaland, et encore moins le Roupoil, avec des thèmes pareils. Certes, mais il y aussi moyen de faire un enième film plat et sans saveur. Celui-ci est tout le contraire, il capte l'essentiel, et bien plus, de façon tellement phénoménale qu'on ne peut qu'être estomaqué. A-t-on déjà vu une actrice mieux filmée qu'Irène Jacob par Kieslowski ? Elle est sublime jusque dans le moindre détail, dans ces petits bouts de scène en apparence inutiles et qui forment la sève du film. Quand à la musique, la partition de Preisner est l'une des plus belles écrites pour le cinéma, par un artiste qui est loin d'être un simple faiseur comme on en embauche généralement pour ce genre d'occasion.

Faut-il ensuite voir une morale dans ce film, la musique contre l'amour ? J'espère bien que non (je serais bien embêté sinon), je crois que Kieslowski nous raconte juste une belle et émouvante histoire, parsemée de moments d'anthologie inoubliables. Le concert de Veronika, avec ses tons verdâtres, filmée comme une scène de film d'horreur (on comprend pourquoi à la fin...), est saisissante, bouleversante, la plus belle scène musicale gravée sur pellicule (enfin, j'ai peut-être déjà dit ça de la mort de Mozart dans Amadeus, donc mettons-les ex-aequo :-) ).

Encore une fois, c'est à un film dont la musique est un thème majeur que je mets une note maximale. Ben oui, on ne se refait pas, je n'y peux rien si je suis plus facilement transporté par les sons que par les images. Mais ici, croyez-moi, l'image vaut aussi largement le coup d'oeil. Une expérience à tenter, si jamais vous accrochez autant que moi, vous risquez de ne jamais l'oublier.

Roupoil, 14 mars 2006.



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